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"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !" (Psaume 67)

lundi 22 juin 2015

Prière au Saint-Esprit

par le père Serge Boulgakov


« Roi du ciel, Consolateur, Esprit de vérité, 
toi qui es partout présent et qui remplis tout,
 Trésor de biens et Donateur de vie,
 viens et demeure en nous,
 purifie-nous de toute souillure 
et sauve nos âmes, toi qui es bonté. »




Premièrement, quant à son omniprésence, disons que cette prière, à l’exception du « Notre Père », est la plus usitée et par conséquent la plus importante de toutes les prières orthodoxes. On pourrait aussi ajouter que l’absence d’autres prières au Saint Esprit la met dans un contexte tout particulier, ce qui encadre encore davantage sa portée.
D’ailleurs, l’importance particulière de cette prière est confirmée indirectement non seulement par son usage mais, dans le même esprit, par son exclusion du cycle usuel des prières de l’Église à des moments précis, notamment lors de la Semaine de Pâques et au cours des semaines qui mènent à la Pentecôte.
L’Église omet alors d’adresser cette prière au Saint Esprit en témoignage apparent du fait qu’au cours de la semaine de Pâques et des jours qui la suivent, c’est-à-dire après la Résurrection du Christ, nous sommes, de fait, passés du Royaume de Grâce au Royaume de Gloire, au sein duquel tout baigne intrinsèquement dans le Saint Esprit, ce qui fait qu’il n’est alors plus nécessaire de faire quelque invocation spéciale au Saint Esprit, parce que Dieu est tout, en tout.

Il est maintenant temps de regarder cette prière dans son ensemble : « Roi du ciel, Consolateur, Esprit de Vérité, toi qui es partout présent et qui remplis tout, Trésor des biens et Donateur de vie, viens et demeure en nous. Purifie-nous de toute souillure et sauve nos âmes, toi qui es bonté. »

La première partie de la prière, soit l’invocation « Roi du ciel, Consolateur, Esprit de vérité… « renferme un enseignement dogmatique sur la Troisième Hypostase comme étant Dieu véritable (« Roi du ciel »). Le Consolateur, dans la perspective de son amour hypostatique entre le Père et le Fils, le Saint Esprit grâce auquel s’atteint et se révèle la spiritualité de l’Esprit divin tri-hypostatique, est pour sa part l’Esprit de vérité dans sa relation avec la Deuxième Hypostase, qui est le Verbe et la Vérité.

La seconde partie de la prière, « …qui es partout présent et qui remplis tout, Trésor des biens et Donateur de vie «, témoigne plus particulièrement de l’activité du Saint Esprit dans le monde. Tout d’abord, quant à son omniprésence : Dieu est omniprésent mais chacune de ses divines hypostases possède une image spéciale de cette présence hyperspatiale. Le Père est le pouvoir fondamental de volonté dans la création du monde ; le Fils en est sa base ou son fondement idéal (« sans lui rien n’a été fait ») ; le Saint Esprit est la force active, qui pénètre tout et « qui accomplit tout ». Il est aussi Donateur de vie; et pourtant le Dieu trine est lui-même la Vie éternelle, le Créateur et le Donateur de vie. Alors que la Troisième Hypostase, celui qui accomplit tout, est la Vie de la Vie au sein de la Sainte Trinité, de même il est aussi la puissance spéciale de vie de chaque créature. Une hymne de l’Église rappelle que « C’est par le Saint Esprit que chaque âme vit » (Anavathmi du 4e ton).

Toute réalité accompagnant chacune de ces vies appartient au Saint Esprit, car il est la puissance réelle. Si la vie en tant que telle est la plus grande bénédiction, il est le « Trésor inépuisable de tous les biens », ce qui inclut non seulement le don naturel de la vie, mais aussi les dons de la grâce qui nous est donnée par le Saint Esprit et qui représente la puissance de la vie.

Cette partie de la prière décrit, pourrait-on dire, l’activité objective du Saint Esprit dans le monde et sa présence au sein du monde, alors que la dernière partie de la prière traite du domaine du subjectif, notamment de la réaction des hommes et leur acceptation du Saint Esprit, pour lui demander le salut personnel (« viens et demeure en nous, purifie-nous de toute souillure et sauve nos âmes… »).

Si la vie chrétienne consiste dans l’acquisition du Saint Esprit, selon les paroles de saint Séraphim de Sarov, et si en même temps la grâce ne force jamais personne, alors le désir et l’effort des hommes sont également nécessaires pour en venir à accepter cette grâce et cela doit se refléter en premier lieu dans la prière. De dire « Viens et demeure en nous » expose une prière en vue d’une réponse active du Saint Esprit et une invocation de l’Esprit Saint pour l’obtention de l’inspiration qui porte fruit dans la créativité humaine.

Le feu du Saint Esprit brûle notre nature pécheresse et nous purifie de tout péché. Par conséquent la demande de l’inhabitation du Saint Esprit en nous inclut aussi cette autre demande, « purifie-nous de toute souillure », afin que nous soyons purifiés de nos péchés. Ainsi, une telle habitation du Saint Esprit en nous est notre salut. Cette demande est la dernière de la prière. Elle est inclusive et, en fait, représente un condensé de toute la prière.

On place habituellement cette prière au début de toute chose bonne que nous entreprenons, particulièrement les études, les exposés, les réunions publiques etc.



Père Serge BOULGAKOV, Sobornost (Fellowship de Saint-Alban
et Saint-Serge), No 24, juin 1934. 
Traduction : frère Élie Marier. 
Première publication en français.
Source: http://www.pagesorthodoxes.net/priere/priere-boulgakov.htm


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