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"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !" (Psaume 67)

mercredi 1 janvier 2020

"On lui donna le nom de Jésus"

par Karl Barth



Théologiquement, aussi bien que pour le plus simple croyant, il faut affirmer que tout, réellement tout le contenu de la Bible, de A à Z, et tout ce qu'ensuite nous appelons l'Eglise chrétienne et la prédication chrétienne, dépend du nom de Jésus. Le nom, c'est le dernier mot qu'on puisse dire de quelqu'un. Après tout dépend de ce quelqu'un. C'est par ce "quelqu'un", par ce Jésus, que la Sainte Ecriture se distingue de tous les livres sérieux, pieux, les bons livres ! C'est par lui que, ce que l'Ecriture Sainte nomme "révélation", se distingue de tout ce qu'on peut dire des autres grandeurs, des dieux et des hommes. En prononçant le nom de Jésus et en nous rappelant ce que dit ce nom, nous en appelons à l'instance dernière, celle qui se suffit à elle-même, celle que nous ne pouvons dominer ni juger du dehors, celle qui intervient d'elle-même pour que son droit et sa majesté soient reconnus.

Le témoignage du Nouveau Testament est l'entreprise téméraire, absolument inouïe, de dire tout ce qui est dit de Dieu et des choses divines, non pas en général, sous forme d'instruction ou de mythe, mais de le dire dans la perspective de ce fait unique: Jésus Christ. On ne peut pas comprendre le Nouveau Testament si on ne comprend pas ce rapport continuel à ce seul nom, si on ne connaît pas la voix qui retentit en ce lieu unique.

 Si l'on rayait du Nouveau Testament le nom de Jésus-Christ, on aurait encore un très beau livre, mais qui serait complètement absurde, aussi absurde que des adjectifs sans substantifs, des prédicats sans sujet. On pourrait alors passer à côté de ce livre avec indifférence. Celui qui lui donne exclusivement son poids c'est son nom.

Ce nom n'est pas fortuit. Jésus signifie le Sauveur, le Libérateur, ce qui veut dire que l'homme est à ce point perdu qu'il ne peut se sauver lui-même, qu'il a besoin d'un Sauveur. Et l'homme a pour libérateur, pour sauveur, celui dont il a été dit: "Tu deviendras enceinte et tu enfanteras un fils à qui tu donnera le nom de Jésus" (Luc 1,31)

Comprendre la signification du nom de Jésus, c'est se demander, en face du Nouveau Testament: Est-ce que ceci est vrai, est-ce que tel est aujourd'hui le témoignage de Dieu, celui auquel je me fie, auquel je me borne, par lequel je vis dans l'Eglise, avec lequel je me risque à affronter l'humanité d'aujourd'hui ? La réponse à cette question dépend tout simplement de notre attitude en face de Jésus-Christ.


In "Avent", Editions Roulet, Genève, 1948, p. 44s.