Filio-quoi ? Filioque... c'est du latin et ça veut dire "...et du Fils".
En fait pour voir de quoi on parle il faut faire un peu d'histoire, mais je vous donne la version résumée.
Un peu d'histoire:
En 325 se tient le Concile oecuménique de Nicée pour préciser la foi de l'Eglise concernant Jésus-Christ. Est-il Dieu, n'est-il pas Dieu, n'est-il que Dieu ou alors aussi homme ? Le concile édite une confession de foi disant que Jésus est à la fois vrai homme et vrai Dieu.
En 381, nouveau Concile oecuménique à Constantinople. Ce Concile confirme la confession de foi de Nicée et présence la place de l'Esprit Saint: l'Esprit Saint est Dieu, il procède du Père, avec le Père et le Fils il reçoit même adoration et même gloire.
De ces deux Conciles nous vient une confession de foi fondamentale de l'Eglise, le Symbole de Nicée-Constantinople. Dont voici l'extrait qui concerne le Saint-Esprit (pour les plus motivés, le texte complet est aussi en grec au bas de la page du blog):
Je
crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie;
il
procède du Père.
Avec
le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire;
il
a parlé par les prophètes.
Par la suite, le Concile de Chalcédoine va à son tour réaffirmer cette confession de foi. Jusque là pas de problème.
Mais voilà... plusieurs théologiens (surtout au Moyen-Age à la suite d'Augustin) émettent l'idée que le Saint-Esprit procède du Père, mais aussi du Fils. Cette idée fait son chemin en Occident, si bien qu'au Concile de Tolède (qui n'est pas un Concile oeucuménique) on parle d'ajouter filioque (et du Fils) à la confession de foi, pour dire l'Esprit procède du Père et du Fils. Ce filioque ne sera en réalité ajouté vraiment qu'au Concile de Fréjus-Friuli en 796-797. En 809, Charlemagne organise un Concile pour affirmé, face à l'Eglise orientale, que l'Esprit procède du Père et du Fils. Le Pape (Léon III) n'est pas contre l'idée, mais il refuse de modifier le texte du Concile de Constantinople, ce n'est que deux siècles plus tard que le filioque entrera en vigueur à Rome et cela à cause de la pression exercée par les empereurs germaniques.
Du coup en Orient, on est pas tellement content que les occidentaux modifient la confession de foi, et en plus les orientaux sont accusés par les latins d'avoir enlevé ce filioque du texte originale.
Mais même si les relations sont tendues elles ne sont pas rompues. En 1054, alors que le Cardinal Humbert dépose une lettre sur l'autel de la basilique Saint-Sophie une lettre qui excommunie le Patriarche (qui répondra en excommuniant le Cardinal Humbert), même après ça les relations entre Rome et Constantinople demeurent, on se parle, on discute.
C'est en 1204 qu'on atteint le point de non retour. Les croisés, en marche pour la 4e croisade, font un petit détour par Constantinople (rivale commerciale de Venise), attaquent et pillent la ville. On appelle ça le sac de Constantinople. A partir de là, les relations seront durablement rompues. A Constantinople on trouve que les Sarrasins sont plus gentils que ces hommes qui ont la croix du Christ sur les épaules.
Récemment des rapprochements entre l'orient et l'occident chrétiens sont encourageants, et même la question de l'abandon du filioque semble envisageable du côté de Rome.
Mais voilà... plusieurs théologiens (surtout au Moyen-Age à la suite d'Augustin) émettent l'idée que le Saint-Esprit procède du Père, mais aussi du Fils. Cette idée fait son chemin en Occident, si bien qu'au Concile de Tolède (qui n'est pas un Concile oeucuménique) on parle d'ajouter filioque (et du Fils) à la confession de foi, pour dire l'Esprit procède du Père et du Fils. Ce filioque ne sera en réalité ajouté vraiment qu'au Concile de Fréjus-Friuli en 796-797. En 809, Charlemagne organise un Concile pour affirmé, face à l'Eglise orientale, que l'Esprit procède du Père et du Fils. Le Pape (Léon III) n'est pas contre l'idée, mais il refuse de modifier le texte du Concile de Constantinople, ce n'est que deux siècles plus tard que le filioque entrera en vigueur à Rome et cela à cause de la pression exercée par les empereurs germaniques.
Du coup en Orient, on est pas tellement content que les occidentaux modifient la confession de foi, et en plus les orientaux sont accusés par les latins d'avoir enlevé ce filioque du texte originale.
Mais même si les relations sont tendues elles ne sont pas rompues. En 1054, alors que le Cardinal Humbert dépose une lettre sur l'autel de la basilique Saint-Sophie une lettre qui excommunie le Patriarche (qui répondra en excommuniant le Cardinal Humbert), même après ça les relations entre Rome et Constantinople demeurent, on se parle, on discute.
C'est en 1204 qu'on atteint le point de non retour. Les croisés, en marche pour la 4e croisade, font un petit détour par Constantinople (rivale commerciale de Venise), attaquent et pillent la ville. On appelle ça le sac de Constantinople. A partir de là, les relations seront durablement rompues. A Constantinople on trouve que les Sarrasins sont plus gentils que ces hommes qui ont la croix du Christ sur les épaules.
Récemment des rapprochements entre l'orient et l'occident chrétiens sont encourageants, et même la question de l'abandon du filioque semble envisageable du côté de Rome.
Concrètement ça change quoi ?
Si l'Esprit procède du Père seul, on affirme que le Père est le principe de toute chose, ce qu'affirme par ailleurs la Bible lors qu'elle dit: «Quand viendra le Paraclet que je vous enverrai d’auprès du Père l’Esprit de vérité qui procède du Père. » (Jean 15,26)
Dire que l'Esprit procède du Père et du Fils, revient à dire que l'Esprit Saint tient son existence aussi du Fils. Or l'Esprit comme le Fils viennent tous deux du Père simultanément. Dire que l'Esprit procède du Fils c'est mettre une chronologie dans la Trinité, ce qui la déséquilibre.
On se retrouve avec d'un côté Père-Fils et de l'autre l'Esprit. Il n'y a plus vraiment de Trinité.
Dire que l'Esprit procède du Père et du Fils, revient à dire que l'Esprit Saint tient son existence aussi du Fils. Or l'Esprit comme le Fils viennent tous deux du Père simultanément. Dire que l'Esprit procède du Fils c'est mettre une chronologie dans la Trinité, ce qui la déséquilibre.
On se retrouve avec d'un côté Père-Fils et de l'autre l'Esprit. Il n'y a plus vraiment de Trinité.
Cette idée aura son apogée chez Anselme de Cantorbéry puis chez Thomas d'Aquin: ils posent d'emblée le Père et le Fils, l'Esprit quant à lui est un lien d'amour entre le Père et le Fils. Ici il n'y a plus de Trinité du tout: car l'Esprit n'est plus une personne à part entière mais simplement une "fonction divine". Or la foi de l'Eglise a toujours confessé l'unité et l'égalité des trois Personnes de la Trinité.
L'idée de départ du filioque c'était de dire que Jésus envoie l'Esprit sur les disciples. Mais le problème c'est que la formulation est ambiguë et porteuse d'une erreur dogmatique. Au mieux on pourrait admettre que l'Esprit procède du Père par le Fils (en temps que c'est lui qui l'envoie sur les disciples) mais souvent le mieux et l'ennemi du bien. La version simple: l'Esprit procède du Père est pleinement suffisante.
Aujourd'hui plusieurs déclaration de Rome omettent le filioque. Du côté anglican la "Recommandation de Lambeth" retire le filioque. Du coté réformé, le nouveau recueil des Eglises protestantes francophones comporte le symbole de Nicée-Constantinople dans sa version de 381, sans l'ajout du filioque.
En très très grandes lignes, le filioque c'est petit mot qui fait couler beaucoup d'encre. Pour creuser vraiment la question, je vous renvoie à cet article en cliquant ici...
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