Bienvenue !

"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !" (Psaume 67)

jeudi 31 décembre 2015

Καλη χρονιά - Une année 2016 bénie !

1er janvier - fête de Saint Basile de Césarée


Alors que Saint Basile était évêque de Césarée (de 370 à 379), le gouverneur de Cappadoce, en colère, décida de se rendre en personne à Césarée pour collecter les taxes impayées.
La population effayée demanda alors la protection de leur évêque, Basile. Il conseilla à chaque famille d’offrir un objet de valeur au gouverneur afin d’apaiser sa colère.
Le gouverneur, ému par l’éloquence de Saint Basile, renonça finalement à prendre les objets précieux des familles de Césarée. Mais il fut alors impossible de savoir à qui rendre chaque objet de valeur.
Saint Basile demanda alors à chaque famille de confectionner un gâteau, il cacha alors un objet précieux dans chaque gâteau.
Il distribua les galettes et le miracle se produisit: chacun retrouva dans la galette reçue, l’objet qu’il avait donné.

Dès ce jour, à la Saint Basile (jour de l’An), en Grèce on sert cette galette sucrée ou une pièce est dissimulée. En Grèce c’est à la Saint Basile que les enfants reçoivent des cadeaux.
On coupe trois parts: la première est pour le Christ, la deuxième pour la Très Sainte Mère de Dieu, et la 3e pour la maison (en signe de bénédiction).
Puis ensuite les parts sont distribuées aux personnes présentes en commençant par le maître de maison.

Ευτυχισμένος ο Καινούριος Χρόνος



Recette du βασιλοπιτα - gâteau de saint Basile:

Ingrédients :


(Pour un gros gâteau)
500 g de farine

1 càc de levure

250 g de beurre

300 g de sucre

400 ml de jus d'agrumes (mélange d'orange, citron, mandarine ou orange seule)

5 oeufs

2 càs de zeste d'orange

1 càs rase de bicarbonate de soude




Préparation :


Battre le beurre pour qu'il blanchisse et y ajouter le sucre.

Ajouter les jaunes d'oeufs l'un après l'autre tout en battant.


Verser le bicarbonate de soude dans le jus d'agrumes (attention à avoir un grand récipient, ça risque de déborder !)

Ajouter au mélange précédent.


Verser la farine dans le mélange en battant énergiquement.


Monter les blancs en neige.

Les incorporer délicatement.


Verser dans un moule beurré et faire cuire environ 45 minutes à 180o.

Attendre que le gâteau ait refroidi pour le démouler.
Placer la pièce verticalement depuis sous le gâteau pour éviter qu'on ne tombe dessus en coupant les part.
Recette du site: http://www.en-direct-dathenes.com/article-vassilopita-la-classique-et-ses-variantes-95902502.html

Bon appétit et bonne année ! Que Dieu vous bénisse !

lundi 28 décembre 2015

Du blanc de Noël au rouge des martyrs

"Hérode envoya tuer tous les enfants" (Mat 2, 16)

par Edith Stein

Dès le lendemain de Noël, l'Eglise dépose ses blancs vêtements de fête et se vêt de la couleur du sang. Etienne*, le martyr qui suivit le premier le Seigneur dans la mort, et les enfants innocents**, nourrissons de Bethléem et de Juda, qui furent égorgés par les mains cruelles des bourreaux, s'assemblent autour de l'Enfant dans la crèche, formant sa suite. Que signifie tout cela ? Où est donc maintenant l'allégresse des armées célestes ? Où est la silencieuse félicité de la sainte nuit ? Où est la paix sur la terre ?
"Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté": mais tous ne sont pas de bonne volonté. La puissance mystérieuse du mal enveloppait le monde dans la nuit, aussi fallut-il que le Fils du Père éternel descendît de la gloire du ciel. 

Les ténèbres couvraient la terre, et il vient comme la lumière qui brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas reçu. A ceux qui l'ont reçu, il apporte la lumière et la paix: la paix avec le Père du ciel, la paix avec tous ceux qui sont aussi fils de lumière et enfants du Père, et la paix profonde du coeur ; mais non la paix avec les fils des ténèbres. A eux, le Prince de la paix n'apporte pas la paix, mais le glaive. Pour eux, il est la pierre d'achoppement contre laquelle ils accourent et qui les brise. Voilà la lourde et grave vérité que ne doit pas dissimuler le charme poétique de l'Enfant de la crèche.
Le mystère de l'incarnation et le mystère du mal sont étroitement liés. A la lumière descendue du ciel s'oppose, d'autant plus sombre et lugubre, la nuit du péché.

L'Enfant de la crèche tend ses petites mains, et son sourire semble déjà vouloir dire ce que les lèvres de l'homme prononceront plus tard: "Venez à moi, vous tous qui peinez et êtes accablés sous la charge" (Mt 11, 28). Certains répondirent à son appel. Tels les pauvres bergers qui, dans la campagne de Bethléem, ayant vu l'éclat du ciel et appris de l'ange le joyeux message, dirent plein de confiance: "Allons à Bethléem !" (Lc 2, 15) et se mirent en route. Tels les rois qui, venant du lointain Orient, suivirent avec la même foi simple, l'étoile merveilleuse. Des petites mains de l'Enfants la rosée de la grâce se répandit sur eux et ils se réjouirent d'une grande joie. 
"Suivez-moi !" disent les mains de l'Enfant, comme le diront plus tard les lèvres de l'homme. Ceux qui s'agenouillent autour de la crèche sont ces fils de lumière: frêles innocents, bergers plein de foi, rois humbles, Etienne le disciple inspiré (le premier martyr), et Jean l'apôtre de l'amour, eux tous qui suivirent l'appel du Maître.

En face d'eux, dans la nuit de l'inconcevable endurcissement et de l'aveuglement, se tiennent les docteurs de la Loi qui, sachant en quel temps et en quel lieu naitrait le Sauveur, ne partirent pourtant pas à Bethléem, et le roi Hérode qui voulut faire aussi mourir le maître de la vie.
Devant l'Enfant de la crèche, les esprits se divisent. Il est le Roi des rois, le maître de la vie et de la mort. Il dit: "Suis-moi", et qui n'est pas pour lui est contre lui. Il nous le dit à nous aussi et nous met en demeure de choisir entre la lumière et les ténèbres. 

STEIN Edith, Le mystère de Noël, Paris, Ed. de l'Orante, 1955, p. 29s.
In: BOURGUET Daniel, L'Evangile médité par les Pères: Matthieu, Olivétan, 2006, p. 17-18.


* Saint Etienne, 1er diacre et 1er martyr: commémoré le 26 décembre en Occident et le 27 décembre en Orient.
** Saints Innocents, enfants massacrés par Hérode, commémorés le 28 décembre en Occident et le 29 décembre en Orient.


Edith Stein (1891-1942): d'origine juive, élevée dans une famille pieuse de Silésie (Allemagne) elle se converti lors de ses études de philosophie où elle est assistante de Husserl. Elle devient religieuse carmélite. En 1942 elle meurt à Auschwitz où elle a été déportée par les nazis.

vendredi 25 décembre 2015

Ta naissance, Ô Christ, notre Dieu, a fait resplendir dans le monde la lumière.

Fête de la Nativité


Ta naissance, Ô Christ, notre Dieu,
a fait resplendir dans le monde la lumière.
Ceux qui servaient les astres sont instruits par l'astre de t'adorer, Soleil de Justice,
et te contempler, Orient venu d'en haut.
Seigneur, gloire à toi !

La Vierge aujourd'hui met au monde l'Eternel
et la terre offre une grotte à l'Inaccessible.
Les anges et les bergers le louent
et les mages avec l'étoile s'avancent.
Car tu es né pour nous petit enfant, Dieu éternel !

(Liturgie orthodoxe de la nativité)


❖❖❖

Béni sois-tu, Seigneur Jésus Christ, de faire poindre à l'horizon l'aube des temps nouveaux.
Béni sois-tu, Seigneur qui viens !

Béni sois-tu pour la victoire de la lumière sur les ténèbres et pour ta Parole qui nous libère de la peur et du désespoir.
Béni sois-tu, Seigneur qui viens !

Béni sois-tu pour la promesse de ton règne dans la justice et la paix, dans l'amour et la sainteté.
Béni sois-tu, Seigneur qui viens !

Béni sois-tu pour tous ceux qui ont reconnu ta lumière et qui t'ont laissé illuminer leurs vies et qui sont devenus porteurs de ta lumière.
Béni sois-tu, Seigneur qui viens !

Béni sois-tu de prier le Père pour qu'il nous communique le feu du Saint-Esprit.
Béni sois-tu, Seigneur qui viens !

Béni sois-tu pour ton Royaume, qui éclaire dès maintenant ceux qui lui ouvrent leur coeur dans un esprit de pauvreté.
Béni sois-tu, Seigneur qui viens !

(Liturgie: prière quotidienne, le "coq")

Un enfant nous est né, le Fils nous est donné (Esaie 9,6)

par Proclus de Constantinople



"Aujourd'hui, le grain de blé est déposé dans une terre vierge. Le monde affamé exulte et bondit de joie. La nature entière prépare les dons qu'elle offrira pour l'enfant.

La terre va offrir une crèche et les villes Bethléem.
Les vents offriront leur obéissance et la mer sa soumission.
Les profondeurs de la mer offriront les poissons de la pêche miraculeuse et les poissons eux-mêmes une pièce de monnaie.
Les eaux vont offrir le Jourdain, les fontaines vont offrir la Samaritaine et le désert Jean-Baptiste.
Les animaux offriront un ânon et les oiseaux une colombe. 
Les stériles offrent Elisabeth et les vierges Marie. 
Les prêtres vont offrir Syméon et les veuves Anne. 
Les persécuteurs offriront Paul et les païens une cananéenne.
L'hémorroïsse offrira sa foi et la prostituée son parfum.
Les arbres offriront Zachée et les forêts une croix.
L'Orient offrira une étoile et Gabriel sa salutation: "Réjouis-toi, toi à qui une grâce a été faite, le Seigneur est avec toi ; il est même de toi et en toi. En toi, où il est venu selon son bon plaisir. De toi, dont il sortira, car il a voulu qu'il en soit ainsi. Il est même avant toi, car avant tous les siècles, sans altération et de manière ineffable, il a été engendré par le Père."

Marie est mère, car elle mit au monde celui qui voulut naître. Elle se dit servante, et dire qu'elle est servante c'est confesser sa nature humaine et la grâce de Dieu. Elle est une arche qui porte non plus la loi, mais l'auteur de la loi. "Le Seigneur est avec toi": il est désormais avec nous tous, Emmanuel, Dieu avec nous. Le Seigneur est avec nous, et déjà toute erreur disparait ; déjà les démons tremblent et sont en fuite. Le Seigneur est avec nous: la mort va devenir sommeil ; les morts vont être libérés. Le Seigneur est avec nous, non pas un subalterne, ni un ange, mais le Seigneur lui-même. Il vient pour nous sauver. Celui que les cieux ne peuvent contenir, un vierge le reçut ; en elle il prit chair.
Aujourd'hui, le grain de blé est déposé dans une terre vierge. Le monde exulte est bondit de joie."

Proclus de Constantinople, in Jean-René Boucher, Le lectionnaire, Cerf, 1994, p. 405ss.




Proclus de Constantinople: il devient évêque de Cysique en 426. Il se dresse fermement contre l'hérésie nestorienne lorsque Nestorius devient patriarche à Constantinople, ce qui valut à se dernier d'être déposé lors du concile d'Ephèse en 431. Proculus devient à son tour patriarche de Constantinople et se montre être un véritable artisan de paix au sein d'une Eglise en conflit.

jeudi 24 décembre 2015

La Vierge deviendra enceinte, elle enfantera un Fils… (Esaie 7,14)

par saint Bonaventure

La Vierge, comme un trône qui porte le Christ Sauveur du monde.

"Il est certain que les réalités surnaturelles ne peuvent trouver dans la nature de points de comparaison satisfaisants. Nous le voyons bien pourtant que c'est de façon différente que le rayon nait de la lumière, la graine dans la vigne, et la fleur de la branche ou de l'arbre :

Le rayon nait de la lumière avec la même nature qu'elle, sans que l'on puisse dire que la lumière soit le rayon, ni l'inverse. C'est ainsi que le Fils est du Père en identité de substance, sans que pour autant le Fils soit le Père, ni que le Père soit le Fils, mais l'un et l'autre sont un seul et même être. C'est pourquoi célébrant la mémoire de cette naissance de gloire, l'Eglise chante: "Ô Orient, rayon de la lumière éternelle."

La graine nait dans la vigne pour la rendre féconde et lui donner son achèvement, mais elle n'entame, ni ne corrompt, ni ne brise son intégrité. C'est ainsi qu'en la Vierge nait Dieu: il lui confère sa plénitude, sa fécondité, sa consécration - sans brisure, sans violence sans flétrissure. C'est pourquoi comparant la graine au fruit de son sein, le prophète déclare: "Je susciterai à David un germe juste (Jr 23,5) Cieux répandez votre rosée, et que les nuées fassent pleuvoir le Juste. Terre, ouvre-toi et que germe le Sauveur !" C'est une terre humble, fertile, ferme que la bienheureuse Vierge.

La fleur nait de l'arbre ou de la branche. C'est ainsi que loin de la détruire elle l'achève ; sans effraction elle la couronne. C'est ainsi qu'est né Dieu de la Vierge. Il est sa fécondité et sa couronne. C'est pourquoi sa naissance est comparée à la sortie d'une fleur : "Il sortira du tronc de Jessé une tige, une fleur montera de ses racines."(Esaie 11,1)

Ainsi donc, "celui qui est né en elle" est né avant le sein maternel, de Dieu son Père comme le rayon de la lumière ; dans le sein maternel il est né de la Vierge sa mère comme la graine de la vigne ; du sein maternel enfin, il est né comme la fleur de la branche, de la tige et de l'arbre.
La troisième comme la deuxième naissance nous est offerte en ce monde comme remède, la première nous attend au ciel comme cadeau.

SAINT BONAVENTURE, Méditations sur la vie du Christ, Opera omnia, T. XII.


Saint Bonaventure (1221-1274) : après avoir été guéri par saint François, le jeune Bonaventure entre chez les Franciscains en 1243. Devenu professeur de théologie puis Ministre de l'ordre franciscain, il laissera une importante littérature théologique. Il a reçu le titre de docteur séraphique.

dimanche 22 novembre 2015

"Qui peut pardonner les péchés, si ce n'est Dieu seul ?"

"Comment cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. 
Qui peut pardonner les péchés si ce n'est Dieu seul" ?

par C.S Lewis

"Jésus avait la prétention de pardonner les péchés, n'importe quel péché. Or, à moins qu'il soit Dieu, cette prétention est tellement déraisonnable que s'en est comique.
Nous pouvons tous concevoir qu'un homme pardonne les offenses commises à son égard. Vous marchez sur mes orteils, je vous pardonne ; vous dérobez mon argent, je vous pardonne. Mais où classeriez-vous un homme sur les pieds duquel vous n'avez pas marché ou à qui vous n'avez rien volé, mais qui prétendrait  vous pardonner d'avoir marché sur les pieds d'un autre ou d'avoir volé autrui ? 
Quel âne ! dirons-nous et encore nous serions gentils. C'est néanmoins ce qu'à fait Jésus.
Dans la bouche de quiconque, hormis Dieu, ces mots ne seraient que niaiserie et suffisance. Cependant (et voilà ce qui est étrange ou significatif), même les détracteurs de Jésus, quand ils lisent les évangiles, n'ont pas le sentiment que Jésus était idiot ou prétentieux.

Je cherche ici à empêcher quiconque de prononcer cette phrase vraiment insensée qu'on avance souvent au sujet de Jésus: " Je suis prêt à voir en Jésus un éminent maître de morale, mais je récuse sa prétention d'être Dieu". C'est la chose à ne pas dire ! Un homme qui ne serait qu'un homme et qui tiendrait les propos que tenait Jésus ne serait pas un grand professeur de morale. Ce serait soit un fou - comme quelqu'un qui affirmerait être un oeuf poché - soit le Démon des enfers.
Il nous faut choisir: ou bien cet homme était et reste le Fils de Dieu, ou bien il ne fut rien d'autre qu'un aliéné ou pire encore.
Soit vous enfermez ce fou, soit vous crachez au visage de ce démon et vous le tuez ; soit, au contraire, vous vous jetez à ses pieds et vous l'appelez Seigneur et Dieu.
Mais n'accordons aucun crédit à cette absurdité condescendante, à savoir qu'il serait un grand maître. Il ne nous a pas laissé cette possibilité. Il n'a pas eu cette intention."


LEWIS (C.S), Les fondements du Christianisme, France, LLB, 2014, p. 65-66



Clive Staple Lewis (1898-1963): né dans une famille irlandaise, il traverse une enfance et une adolescence mouvementée et s'éloigne du christianisme pour se tourner vers l'athéisme. Au cours de ses études universitaires en littérature anglaise, il entame un chemin de retour à la foi grâce notamment à son illustre ami JRR Tolkien. Lewis devient également professeur de littérature anglaise d'Oxford puis de Cambridge. Lewis, a produit une importante littérature empreinte de spiritualité chrétienne. Citons par exemple Le monde de Narnia, Les fondements du Christianisme, ou encore Surpris par la joie qui relate sa conversion.

jeudi 8 octobre 2015

Il parlait à Dieu et Dieu parlait à leur coeurs...

par l'archimandrite Zacharie

"En ce qui concerne les enfants, je ne crois pas que c'est à travers les paroles qu'ils apprennent et reçoivent l'Esprit de Dieu. 
Je vais vous raconter une histoire. Je connais un prêtre qui avait trois fils. Jamais il ne les a enseignés et tous sont dans l'Eglise maintenant; l'un est devenu membre du clergé.
Voici ce qu'il faisait: il attendait qu'ils aillent se coucher, et lorsqu'ils s'étaient endormis, il allait s'agenouiller au pied de leur lit et priait un moment. Ainsi l'esprit de prière du papa s'est transmis à ses fils. Il ne leur prêchait jamais, mais il parlait à Dieu et Dieu parlait à leurs coeurs. Maintenant un de ses fils est diacre et les deux autres sont chantres dans sa paroisse. Parfois on pense qu'avec des paroles on peut accomplir quelque chose et c'est la même chose lorsqu'on essaye d'aider les gens. Si on parle à Dieu, cela sera plus efficace dans beaucoup d'occasions et c'est Lui qui trouvera les moyens de leur parler."




ARCHIMANDRITE ZACHARIE, The Enlargement of the Heart, Mont Thabor Publishing, 2006. p. 133.
(Merci au diacre Renaud R. pour le partage)

mercredi 30 septembre 2015

Ô toi, petite cloche…

par Daniel Bourguet



La petite cloche des Abeillères, qui nous invite aux temps pour l'essentiel...

"L'office commence avec la sonnerie de la cloche, si l'on peut dire qu'il "commence", car en réalité la louange n'a ni début, ni fin: elle est incessante, comme on le découvre dans la grande liturgie de l'Apocalypse, où le ciel rend à Dieu un culte, bâti autour d'une acclamation que les êtres vivants "ne cessent de dire, jour et nuit: 'Saint, saint, saint est le Seigneur le Tout-Puissant, celui qui était, qui est et qui vient'"(Apo 4,8).
Les trois derniers petits coups de la cloche rentrent dans ce rythme trinitaire qui scande "saint, saint, saint" ou encore "qui était, qui est et qui vient."
Sonner la cloche qui est suspendue entre ciel et terre, c'est inviter le ciel et la terre à se joindre dans une louange commune et éternelle."

"Ô toi, petite cloche, ô toi qui nous appelles
Et nous invites tous aux temps pour l'essentiel,
En rassemblant les voix de la terre et du ciel,
Merci d'être pour nous toujours aussi fidèle.

Le Maître t'a donné une tâche précise
Et tu n'as pas quitté la place où il t'a mise.
Tu chantes à pleine joie, lorsque nous t'agitons
Et puis tu te fais silence, alors que nous prions.

Ô toi petite cloche, ô toi qui sur nous veilles,
Si jamais dans la nuit mon coeur lourd s'ensommeille,
Sonne a coups redoublés dans ton amour pour moi,
Pour que je sois debout lorsque viendra le Roi."

Daniel Bourguet





Daniel Bourguet: pasteur et ermite. En savoir plus cliquez sur cet article.

dimanche 27 septembre 2015

Bienheureuse l'âme qui se sait aimée de Dieu

par Saint Silouane l'Athonite



"Seigneur miséricordieux, que ton amour pour moi, pécheur, est grand ! Tu m’as donné de te connaître ; tu m’as donné de goûter ta grâce. « Goûtez et voyez comme le Seigneur est bon » (Ps 33,9). Tu m’as donné de goûter ta bonté et ta miséricorde, et insatiablement, jour et nuit, mon âme est attirée vers toi. 

L’âme ne peut oublier son Créateur, car l’Esprit divin lui donne les forces d’aimer celui qu’elle aime ; elle ne peut s’en rassasier, mais désire sans trêve son Père céleste.


Bienheureuse l’âme qui aime l’humilité et les larmes, et qui hait les pensées mauvaises.

Bienheureuse l’âme qui aime son frère, car notre frère est notre propre vie.

Bienheureuse l’âme qui aime son frère : elle sent en elle la présence de l’Esprit du Seigneur; il lui donne paix et joie, et elle pleure pour le monde entier.



Mon âme s’est souvenue de l’amour du Seigneur, et mon cœur s’est réchauffé. Mon âme s’est abandonnée à une profonde lamentation, car j’ai tant offensé le Seigneur, mon Créateur bien-aimé. Mais il ne s’est point souvenu de mes péchés ; alors mon âme s’est abandonnée à une lamentation encore plus profonde pour que le Seigneur ait pitié de chaque âme et la prenne dans son Royaume céleste.

 Et mon âme pleure pour le monde entier. Je ne puis me taire sur le peuple que j’aime jusqu’aux larmes. Je ne puis garder le silence, car mon âme souffre continuellement pour le peuple de Dieu, et, avec des larmes, je prie pour lui. Je ne puis, frères, ne pas vous proclamer la miséricorde de Dieu et les ruses de l’Ennemi.
Quarante ans se sont écoulés depuis que la grâce du Saint Esprit m'a appris à aimer les hommes et toute la création ; elle m'a aussi dévoilé les ruses de l'Ennemi qui, par tromperie, accomplit son mal dans le monde. 


Croyez-moi, frères. J'écris devant la Face du Dieu qui, dans sa grande miséricorde, s'est fait connaître à mon âme par le Saint-Esprit. Mais si l'âme ne goûte pas le Saint-Esprit, elle ne peut connaître le Seigneur, ni son amour.
Le Seigneur est bon et miséricordieux; pourtant, si nous n'étions pas instruits par le Saint-Esprit, nous ne pourrions rien dire de son amour, sauf ce qui se trouve dans les Ecritures. Mais toi, frère, ne sois pas troublé si tu ne ressens pas en toi l'amour divin, mais pense au Seigneur; pense qu'Il est miséricordieux, garde-toi des péchés, et la grâce divine t'instruira."

ARCHIMANDRITE SOPHRONYSaint Silouane l'Athonite (1866-1938), Paris, Cerf, 2010, p. 355-356


Pour des éléments biographiques sur Silouane l'Athonite, cliquez ici

vendredi 25 septembre 2015

Silouane l'Athonite: biographie



Né en 1866 en Russie, dans la province de Tambov, Syméon Ivanovitch Antonov (Семен Антонов) mène une enfance et une jeunesse comme tous les autres enfants de paysans russes de cette époque. Sa famille est modeste et vit dans beaucoup de simplicité. C'est une famille pieuse et le jeune Syméon est élevé dans la foi orthodoxe. En grandissant, il devient un jeune homme à la force impressionnante. Il aime la fête et la présence des jeunes filles, ce qui lui faudra quelques écarts de conduite. Un jour, lors d'une bagarre, il frappe violemment son adversaire qui sera sévèrement blessé. Cette expérience le marquera profondément et prendra conscience de son état de pécheur et de sa vie dissolue.
Un jour, il fit un rêve: un serpent entrait dans sa bouche, Syméon en fut très dégouté, et il entendit alors un voix qui lui disait: "De même que ce serpent te répugne, de même je n'aime pas voir ce que tu fais."
S'en suivit une période de service militaire: alors que ses camarades festoyaient, lui aspirait à rejoindre le Mont-Athos pour y devenir moine. 
Ce désir se concrétisa en 1892. Il arriva au Mont-Athos, et entra au monastère russe de Saint-Pantéléimon-le-Grand-Martyr. Une période de dur combat commença pour le jeune novice. De nombreuses fois il fut tenté de quitter la presqu'île pour rejoindre le monde, se marier et fonder une famille. Mais il demeura ferme et resta au monastère.
Le Père Sophrony raconte ainsi un événement qui arriva au jeune moine: "Une nuit sa cellule fut envahie d'une étrange lumière qui pénétrait même son corps. La pensée lui dit: 'Accepte, c'est la grâce'. Cependant l'âme du novice était troublée, et il resta dans une grande perplexité. Même après cela, la prière continua à agir en lui, mais l'esprit de contrition s'était tellement éloigné de lui qu'il se mit à rire pendant qu'il priait ; il se frappa violemment le front avec son poing et le rire cessa, mais l'esprit de repentir ne revint pas pour autant, et la prière continua sans contrition. Il comprit alors qu'il était victime d'un phénomène trompeur." (Sophrony, p. 28)
Dès ce moment, des démons commencèrent à lui apparaitre: ils lui disaient tantôt "tu es un saint !" et tantôt "jamais tu ne seras sauvé !". Désespéré, il connu un moment de total délaissement, il perdit tout espoir et plongea plusieurs heures dans les ténèbres absolues. Il connut ce que d'autres mystiques comme Jean de la Croix appelèrent la nuit spirituelle. Mais le soir même, lors des vêpres le Christ lui apparu, à ce moment tout son être fut remplir du feu de l'Esprit Saint, il vit une grande lumière, différente de celle qui l'avait trompé, et il reconnu immédiatement le Christ.
Le novice commença alors à s'enorgueillir d'avoir reçu une telle vision si jeune alors que certains moines âgés n'ont jamais rien vu de tel. Les apparitions démoniaques reprirent de plus belle et sa lutte contre les démons s'intensifia. Une quinzaine d'année plus tard, celui qui était devenu le père Silouane, toujours en prise avec les démons, fit une expérience terrible: alors qu'il priait, sa cellule se trouva remplie de démons, un démon se tient même entre lui et l'icône du Christ devant laquelle il prie, si bien que s'il voulait se prosterner devant le Christ, il se prosternait devant le démon ce qui empêchait donc la prière du moine. Silouane cria alors vers Dieu: "Seigneur, tu vois que je tâche de te prier avec un esprit pur, mais les démons m'en empêchent. Apprends-moi ce que je dois faire pour qu'ils ne me dérangent pas". La réponse ne se fit pas attendre: "Les orgueilleux ont toujours à souffrir ainsi de la part des démons." " Seigneur, dit Silouane, apprends-moi ce que je dois faire pour que mon âme devienne humble."Le Seigneur répondit: "Tiens ton esprit en enfer, et ne désespère pas." Silouane retrouva l'espoir et persévéra désormais dans cette lutte contre le mal.
Ce qui caractérise aussi la vie de Saint Silouane, c'est sa grande discrétion. Il passait inaperçu parmi les autres moines, personne ne connaissait ses expériences spirituelles si ce n'est son père spirituel. Il passait même pour un moine simple et inintéressant. Un jour, un membre important de la hiérarchie dit à propos de Silouane: "Je ne comprends pas pourquoi vous autres, universitaires et hommes savants, vous allez chez le père Silouane, simple paysan illettré. N'y a-t-il donc personne de plus intelligent que lui au monastère ?" 
Silouane était animé par la prière pour le monde, lui qui avait connu l'éloignement d'avec le Seigneur était touché de compassion pour tous ceux qui ne connaissaient pas le Christ et qui étaient loin de sa grâce. 
Discret et presque inconnu pour sa grande sainteté, sa vie spirituelle et ses écrits, c'est au père Sophrony que l'on doit d'avoir fait connaître celui que Thomas Merton qualifie de "moine le plus authentique du XXe siècle".
Il fut canonisé en 1987 par le Patriarcat oecuménique de Constantinople.

Source: ARCHIMANDRITE SOPHRONY, Saint Silouane l'Athonite (1866-1938): vie, doctrine et écrits, Paris, Cerf, 2010