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"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !" (Psaume 67)

lundi 23 mars 2015

Le combat spirituel, part. II

par Hésychius de Batos


"De la suggestion naissent de nombreuses pensées, et de celles-ci la mauvaise action sensible. Mais celui qui, avec Jésus, éteint aussitôt la première échappe à la suite et s'enrichira de la douce connaissance divine par laquelle il trouvera Dieu qui est partout présent. Tenant devant Dieu le miroir de l'intelligence, il est continuellement illuminé, à l'image du cristal pur et du soleil sensible. Alors parvenue à la cime ultime des désirs, l'intelligence se reposera en Lui de toute autre contemplation." (p. 205)

"Aussi souvent qu'il arrive aux mauvaises pensées de se multiplier en nous, jetons au milieu d'elles l'invocation de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous les verrons alors s'évanouir aussitôt comme fumée dans l'air, ainsi que nous l'a enseigné l'expérience. Et l'intelligence enfin seule, reprenons enfin l'attention continuelle et l'invocation. Aussi souvent que la tentation nous donne de souffrir cela, agissons ainsi." (p. 206)

"Car lorsque que [le feu divin] entre en nous, il chasse aussitôt du coeur les mauvais esprits du mal, et il nous pardonne les péchés passés. Alors l'intelligence est délivrée du trouble des mauvaises pensées." (p. 207)

"La pureté du coeur, c'est-à-dire la garde et la surveillance de l'intelligence, dont le signe est le Nouveau Testament, retranche du coeur toutes les passions et tout le mal jusqu'à la racine et elle met à leur place la joie, la confiance, la componction, le deuil, les larmes, la connaissance de nous-même et de nos péchés, le souvenir de la mort, la vraie humilité, un amour sans borne pour Dieu et pour les hommes." (p. 209)

"La prière de Jésus jointe à la sobriété et à la vigilance efface naturellement des profondeurs de la réflexion du coeur les pensées qui, quand bien même nous ne le voulons pas, y sont plantées et y demeurent." (p. 212) 

"Mais si nous nous confions seulement dans notre sobriété et notre vigilance, ou dans notre attention, nous serons vite bousculés par les ennemis, nous serons renversés et nous tomberons. [...] Car nous n'aurons pas la lance puissante: le nom de Jésus-Christ. Seul ce vénérable glaive tournant constamment dans un coeur simple sait les envelopper, les couper, les brûler, les réduire à rien comme le feu consume la paille." (p. 215)

Extraits tirés de: Hésychius de Batos, Philocalie des Pères neptiques, Abbaye de Bellefontaine, Tome A.2


Pour en savoir plus sur Hésychius de Batos, voir cet article

dimanche 22 mars 2015

Le combat spirituel, part. I

par Hésychius de Batos

"Celui qui mène le combat intérieur doit à chaque instant avoir ces quatre choses: l'humilité, une attention extrême, la réfutation et la prière.
L'humilité, parce que le combat l'oppose aux démons orgueilleux, afin d'avoir l'aide du Christ à la portée de son coeur ; car le Seigneur hait les orgueilleux.
L'attention, afin de garder toujours son coeur pur de toute pensée, combien même elle paraîtrait bonne.
La réfutation, afin de contester tout de suite le Malin avec colère, dès qu'on l'a vu venir. Il est dit: "Je répondrai à ceux qui m'outragent. Mon âme ne sera-t-elle pas soumise à Dieu ?"(Ps 61,2)
Enfin la prière, afin de crier vers le Christ en un "gémissement ineffable", aussitôt après la réfutation.
Alors celui qui combat verra l'ennemi se dissiper avec l'apparition de Son image, comme poussière au vent ou fumée qui s'évanouit, chassé par le nom adorable de Jésus." (p. 195)

"Mais l'intelligence ne peut vaincre à elle seule l'imagination démoniaque. Qu'elle n'ait jamais cette audace. Car fourbes comme ils sont, les démons feignent d'être vaincus, puis ils font trébucher par la vaine gloire. Mais devant l'invocation de Jésus-Christ, ils ne résistent pas et ne peuvent ni tenir, ni te tromper, fût-ce un moment." (p. 198)

"Vient premièrement la suggestion.
Deuxièmement la liaison, c'est-à-dire que se mêlent nos pensées et celles des démons mauvais.
Troisièmement, le consentement, touchant ce qui doit se faire entre les deux pensées qui veulent le mal.
Quatrièmement vient l'acte sensible, c'est à dire le péché. Si donc l'intelligence est attentive, sobre et vigilante, et si, par la contestation et l'invocation du Seigneur Jésus elle met en fuite la suggestion dès qu'elle jaillit, les choses en restent là." (p. 199)

Extraits tirés de: Hésychius de Batos, Philocalie des Pères neptiques, Abbaye de Bellefontaine, Tome A.2



Ces propos sont rattachés par la tradition à Hésychius de Jérusalem, prêtre du Ve siècle, même si l'on considère plutôt qu'ils sont à dater du VII ou VIIIe siècle, de la plume d'un higoumène du monastère du Buisson ardent dans le Sinaï (monastère Ste Catherine); "batos" signifie justement "buisson".
La méthode proposée comprend trois modes d'ascèse qui s'engendrent mutuellement:
- La νεπσις (nepsis) : sobriété et vigilance
- La ἡσυχια (hèsychia): silence et repos de l'âme
- La prière de Jésus: invocation du nom de Jésus ("Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur").

jeudi 19 mars 2015

La lutte contre les passions selon Abba Philémon

Abba Philémon: anachorète du désert d'Egypte. Le présent texte est fait des propos recueillis par ses disciples et mis par écrit sans doute au VIIe siècle.

- Père, que dois-je faire pour être sauvé ? Car je vois mon intelligence tourner et errer ça et là, où il ne faut pas.
- [Abba Philémon] attendit un peu, et répondit: Cette passion est celle des hommes du monde. Elle persiste parce que tu n'as pas encore un désir parfait de Dieu. La chaleur du désir et de la connaissance de Dieu n'est pas encore entrée en toi. (p. 607)

Priez continuellement ! Sois donc rigoureusement attentif et garde ton coeur pour qu'il n'accueille pas de pensées mauvaises ou n'importe quelles pensées vaines et inutiles. Mais à tout moment, que tu sois couché ou levé, quand tu manges et bois, quand tu rencontres quelqu'un, que secrètement ton coeur, en sa réflexion, tantôt médite les psaumes, tantôt dise la prière: "Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, ait pitié de moi." De même, quand tu chantes à haute voix, sois attentif à ne pas dire des paroles avec ta bouche tout en laissant errer ailleurs tes pensées. (p. 607)

Jamais [Abba Philémon] ne s'attachait à écouter des propos insignifiants. Si quelqu'un, par inattention, lui parlait d'une chose qui ne visait pas le bien de l'âme, il ne répondait pas du tout. […]
Il désirait absolument le meilleur, au point qu'on le voyait toujours transformé par l'Esprit divin, poussant des soupirs ineffables, tourné vers lui-même, se pesant lui-même et luttant pour que ce qui entrait en lui ne trouble pas la pureté de sa réflexion et que, à son insu, ne s'attache pas à lui quelque dommage. (p. 611-612)


Abba Philémon, Philocalie des Pères neptiques, Abbaye de Bellefontaine, Tome A.3.



lundi 16 mars 2015

L'expérience de la plénitude du Saint Esprit (Séraphim de Sarov)

Extraits de l'entretien avec Motovilov
Tirés de: Saint Séraphim de Sarov, L'entretien avec Motovilov, traduit du russe par Mme. Mouraviev, Orbey, Arfuyen, 2002, p. 69-84

MotovilovMais, demandais-je, petit père Séraphim, de quelle manière puis-je reconnaître si je me trouve vraiment dans la grâce du Saint Esprit ?

Séraphim: Ami de Dieu, répondit-il, c'est fort simple, Dieu Lui-même l'a dit."Tout est simple pour celui qui acquiert la Sagesse" (Pr 14,6)
Notre malheur, c'est que cette Sagesse de Dieu, nous ne la cherchions pas vraiment. N'étant pas de ce monde, elle n'est pas présomptueuse. Pleine d'amour pour Dieu et pour le prochain, elle recrée chaque homme pour son salut. […]

- Je voudrais, lui dis-je, pouvoir le comprendre encore mieux.
Alors le père Séraphim me serra fortement les épaules et dit:

- Vois ! Nous sommes, en cet instant-même, tous les deux dans la plénitude de l'Esprit Saint ! Pourquoi ne me regardes-tu pas ?

- Petit père, je n'y arrive pas ! Des éclaires jaillissent de vos yeux ! Votre visage est plus resplendissant que le soleil ! Les yeux me brûlent comme une fournaise !

- N'ayez pas peur, vous êtes devenus aussi lumineux que moi. Vous aussi, vous êtes à présent dans la plénitude de l'Esprit Saint.. S'il en était autrement, vous n'auriez pas pu me voir ainsi. […]
Que sentez-vous à présent ?

dimanche 15 mars 2015

Recension : La vie sacramentelle (J-C. Larchet)

Jean-Claude LARCHET, La vie sacramentelle, Paris, Cerf, 2014, 528 pages

Comme dans ses publications précédentes, Jean-Claude Larchet nous offre ici un ouvrage de qualité qui permet au lecteur occidental de plonger dans la théologie orthodoxe. Dans le cas précis, il s'agit de la théologie orthodoxe des sacrements.
Alliant un langage clair et facile d'accès à un contenu académique riche et précis, Larchet passe en revue l'un après l'autre les sacrements de l'orthodoxie. Il appuie remarquablement son propos de nombreuses citations de la Bible ainsi que des Pères dont il est l'un (ou le) plus grand spécialiste du monde francophone. En plus de cela, il présente de larges citations de la liturgie et des canons orthodoxes.

Larchet expose et analyse successivement le baptême, la chrismation, l'eucharistie, la pénitence, le mariage, l'onction des malades et l'ordination, tout en précisant que la liste et le nombre de sacrements est plus souple dans l'Eglise orthodoxe qu'en Occident, tant du côté Romain (7 sacrements) que du côté de la Réforme (2 sacrements). Il termine par une réflexion sur la synergie des sacrements et y explique que le sacrement n'agit pas "par lui-même et à lui seul" ou ex opere operato, selon l'expression usitée dans la doctrine catholique-romaine, mais pour que le sacrement soit efficace il requière la libre participation et la réception dans la foi de la part du croyant.
Pour chaque sacrement, il en présente tout d'abord les fondements historiques et théologiques, s'appuyant sur les textes bibliques et sur les écrits patristiques. Puis il décrit le contenu et le déroulement du rite sacramentel tel qu'il est pratiqué dans l'Orthodoxie. Il poursuit en présentant le but ou la finalité du sacrements, mettant particulièrement en avant la dimension thérapeutique du sacrement: celui-ci étant un remède aux maladies inhérentes à la chute de l'humanité. Il termine par des questions pratiques et propres au sacrement en question. Ainsi pour l'eucharistie: la question de sa fréquence, de la préparation du croyants, de l'administration de ce sacrement. Pour la pénitence: comment se confesseur ? à qui ? Ou encore pour le mariage: la question du divorce et du remariage.
Les nombreux extraits de la liturgies offrent au lecteur non-orthodoxe qui n'y a jamais assisté, de pouvoir se représenter ce qui est dit et fait lors du rite sacramentel.

Tous ces éléments font de cet ouvrage, pour le monde chrétien occidental, une belle ouverture à la richesse de la théologie sacramentelle de l'Orient chrétien et à la beauté de sa liturgie, tout en offrant au lecteur une solide réflexion intellectuelle et académique bien argumentée et richement documentée.



vendredi 13 mars 2015

La Sola scriptura de Pierre Damascène

"Quiconque cherche le but de l'Ecriture ne doit jamais lui donner sa propre interprétation, ni en bien ni en mal. Mais, comme disent le grand Basile et Jean Chrysostome, il a pour maître la divine Ecriture elle-même, et non les enseignements du monde. [...] Mais la recherche et la pensée sont volonté propre et science corporelle, surtout si l'on force l'Ecriture comme un voleur pour en dégager une allégorie, comme dit Jean Chrysostome. Alors on n'entre pas par la porte de l'humilité, mais on vient d'ailleurs. Car celui qui force le but de l'Ecriture ou y trouve à redire pour poser sa propre connaissance, ou plutôt son ignorance, il n'y a pas plus insensé que lui sur la terre." 

Pierre Damascène, Livre Premier, Philocalie, Tome B.1, p.63)

jeudi 12 mars 2015

Prière de Saint Ephrem

Seigneur et maître de ma vie, 
ne m'abandonne pas à l'esprit de paresse, de découragement, de domination et de vaines paroles.


Mais fais moi la grâce, à moi ton serviteur, de l'esprit d'intégrité, d'humilité,
 de patience et d'amour.

Oui, Seigneur Roi,
accorde-moi de voir mes fautes
et de ne pas juger mon frère.


Ô Toi qui es béni dans les siècles des siècles.

Amen.


Saint Ephrem le Syrien

Le printemps du Carême

« Le printemps du Carême s'est levé,
et la fleur du repentir est apparue. 
Frères, soyons purifiés de tout péché, et chantons pour notre Source de clarté, le Christ.
Ami des hommes, gloire à Toi ! »

(Office des Matines du Grand Carême)