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"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !" (Psaume 67)

jeudi 7 novembre 2019

Le baptême: être emporté avec Jésus dans les profondeurs de l'humanité

Par Rowan Williams, ancien archevêque de Cantorbéry


"Jésus a dû descendre complètement à notre niveau, là où les choses sont informes et insensées, dans un état de vulnérabilité et sans protection afin que l'humanité réelle puisse naître. Cela suggère que la nouvelle humanité qui est créée autour de Jésus n'est pas une humanité qui sera toujours couronnée de succès et au contrôle de toute chose, mais une humanité qui peut tendre sa main depuis les profondeurs du chaos pour être touchée par la main de Dieu. 

Cela signifie que si nous posons la question: "Où peux-tu t'attendre à trouver les baptisés ?" une réponse est "dans le voisinage du chaos". Cela signifie que vous pouvez vous attendre à trouver des chrétiens près des lieux où l'humanité est le plus en danger, où l'humanité est la plus désordonnées, défigurée, dans le besoin.

On trouvera les chrétiens près de Jésus - mais on trouvera Jésus près de la confusion et de la souffrance humaine, près des sans défenses, auprès de ceux qui sont dans le besoin. Si être baptisé c'est être conduit là où est Jésus, alors être baptisés c'est être vers le chaos et le manque d'une humanité qui a oublié sa propre destinée. [...]
Donc le baptême signifie être avec Jésus "dans les profondeurs": les profondeurs des besoins humains, y compris les profondeurs de nous-mêmes et de nos propres manques - mais aussi dans les profondeurs de l'amour de Dieu; dans les profondeurs où l'Esprit recrée et renouvelle la vie humaine telle que Dieu veut qu'elle soit." [...]

Le baptême est une cérémonie dans laquelle nous sommes lavés, purifiés recréés. C'est aussi une cérémonie dans laquelle nous sommes poussés au milieu d'une situation humaine qui peut nous blesser et qui ne nous laissera pas intactes et immaculés. [...] l'ouverture à l'Esprit vient lorsque nous allons avec Jésus pour prendre ce risque de l'amour et de la solidarité. 

La prière du peuple des baptisés grandit et se met en marche dans la prière de Jésus lui-même et par conséquent c'est une prière qui peut parfois être difficile et mystérieuse. Les chrétiens prient parce qu'ils "doivent" le faire à cause de l'Esprit qui déferle au-dedans d'eux. La prière, en d'autres termes, est comme un éternuement: arrive un point où tu ne peux pas ne pas le retenir. L'Esprit déborde et déferle en direction de Dieu le Père.

Etre baptisé n'est pas, comme le pense le monde, être en un lieu sécurisé. [...]
Le baptême t'amène à être en compagnie d'autres chrétiens ; et il n'y a pas de moyen d'être chrétien sans la compagnie d'autres chrétiens. Mauvaise nouvelle pour beaucoup ! Car cette compagnie d'autres chrétiens peut être tellement difficile !
C'est, selon le Nouveau Testament, un cadeau autant que parfois une épreuve et une gêne. C'est un cadeau car dans cette communauté du peuple des baptisés nous recevons de la vie grâce à la prière et à l'amour des autres et nous donnons notre prière et notre amour aux autres qui en ont besoin. Nous sommes absorbés dans une grande économie de don et d'échange. 

Donc le baptême restaure une identité humaine qui avait été oubliée ou recouverte. Le baptême nous transporte là où Jésus est. Il nous transporte par conséquent dans la proche compagnie d'un monde sombre, et déchu, et il nous transporte dans la compagnie des autres invités qui sont là. La vie baptismale est caractérisée par la solidarité avec ceux qui sont dans le besoin, et dans le partage avec tous ceux qui croient. Ceci est caractérisé par une vie de prière qui persévère courageusement, même quand cela est difficile et peu prometteur et ingrat, simplement parce que tu ne peux pas réprimer le désir de prier. Quelque chose garde cet avénement vivant en toi; peu importe les résultats.

(Rowan WILLIAMS, Being Christian, p. 4-12, extraits.)