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"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !" (Psaume 67)

lundi 28 décembre 2015

Du blanc de Noël au rouge des martyrs

"Hérode envoya tuer tous les enfants" (Mat 2, 16)

par Edith Stein

Dès le lendemain de Noël, l'Eglise dépose ses blancs vêtements de fête et se vêt de la couleur du sang. Etienne*, le martyr qui suivit le premier le Seigneur dans la mort, et les enfants innocents**, nourrissons de Bethléem et de Juda, qui furent égorgés par les mains cruelles des bourreaux, s'assemblent autour de l'Enfant dans la crèche, formant sa suite. Que signifie tout cela ? Où est donc maintenant l'allégresse des armées célestes ? Où est la silencieuse félicité de la sainte nuit ? Où est la paix sur la terre ?
"Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté": mais tous ne sont pas de bonne volonté. La puissance mystérieuse du mal enveloppait le monde dans la nuit, aussi fallut-il que le Fils du Père éternel descendît de la gloire du ciel. 

Les ténèbres couvraient la terre, et il vient comme la lumière qui brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas reçu. A ceux qui l'ont reçu, il apporte la lumière et la paix: la paix avec le Père du ciel, la paix avec tous ceux qui sont aussi fils de lumière et enfants du Père, et la paix profonde du coeur ; mais non la paix avec les fils des ténèbres. A eux, le Prince de la paix n'apporte pas la paix, mais le glaive. Pour eux, il est la pierre d'achoppement contre laquelle ils accourent et qui les brise. Voilà la lourde et grave vérité que ne doit pas dissimuler le charme poétique de l'Enfant de la crèche.
Le mystère de l'incarnation et le mystère du mal sont étroitement liés. A la lumière descendue du ciel s'oppose, d'autant plus sombre et lugubre, la nuit du péché.

L'Enfant de la crèche tend ses petites mains, et son sourire semble déjà vouloir dire ce que les lèvres de l'homme prononceront plus tard: "Venez à moi, vous tous qui peinez et êtes accablés sous la charge" (Mt 11, 28). Certains répondirent à son appel. Tels les pauvres bergers qui, dans la campagne de Bethléem, ayant vu l'éclat du ciel et appris de l'ange le joyeux message, dirent plein de confiance: "Allons à Bethléem !" (Lc 2, 15) et se mirent en route. Tels les rois qui, venant du lointain Orient, suivirent avec la même foi simple, l'étoile merveilleuse. Des petites mains de l'Enfants la rosée de la grâce se répandit sur eux et ils se réjouirent d'une grande joie. 
"Suivez-moi !" disent les mains de l'Enfant, comme le diront plus tard les lèvres de l'homme. Ceux qui s'agenouillent autour de la crèche sont ces fils de lumière: frêles innocents, bergers plein de foi, rois humbles, Etienne le disciple inspiré (le premier martyr), et Jean l'apôtre de l'amour, eux tous qui suivirent l'appel du Maître.

En face d'eux, dans la nuit de l'inconcevable endurcissement et de l'aveuglement, se tiennent les docteurs de la Loi qui, sachant en quel temps et en quel lieu naitrait le Sauveur, ne partirent pourtant pas à Bethléem, et le roi Hérode qui voulut faire aussi mourir le maître de la vie.
Devant l'Enfant de la crèche, les esprits se divisent. Il est le Roi des rois, le maître de la vie et de la mort. Il dit: "Suis-moi", et qui n'est pas pour lui est contre lui. Il nous le dit à nous aussi et nous met en demeure de choisir entre la lumière et les ténèbres. 

STEIN Edith, Le mystère de Noël, Paris, Ed. de l'Orante, 1955, p. 29s.
In: BOURGUET Daniel, L'Evangile médité par les Pères: Matthieu, Olivétan, 2006, p. 17-18.


* Saint Etienne, 1er diacre et 1er martyr: commémoré le 26 décembre en Occident et le 27 décembre en Orient.
** Saints Innocents, enfants massacrés par Hérode, commémorés le 28 décembre en Occident et le 29 décembre en Orient.


Edith Stein (1891-1942): d'origine juive, élevée dans une famille pieuse de Silésie (Allemagne) elle se converti lors de ses études de philosophie où elle est assistante de Husserl. Elle devient religieuse carmélite. En 1942 elle meurt à Auschwitz où elle a été déportée par les nazis.

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