Né en 1866 en Russie, dans
la province de Tambov, Syméon Ivanovitch Antonov (Семен
Антонов) mène une enfance et une jeunesse comme tous les autres enfants de
paysans russes de cette époque. Sa famille est modeste et vit dans beaucoup de
simplicité. C'est une famille pieuse et le jeune Syméon est élevé dans la foi
orthodoxe. En grandissant, il devient un jeune homme à la force impressionnante.
Il aime la fête et la présence des jeunes filles, ce qui lui
faudra quelques écarts de conduite. Un jour, lors d'une bagarre, il
frappe violemment son adversaire qui sera sévèrement blessé. Cette
expérience le marquera profondément et prendra conscience de son état de
pécheur et de sa vie dissolue.
Un jour, il
fit un rêve: un serpent entrait dans sa bouche, Syméon en fut très dégouté, et
il entendit alors un voix qui lui disait: "De même que ce serpent te
répugne, de même je n'aime pas voir ce que tu fais."
S'en suivit
une période de service militaire: alors que ses camarades festoyaient, lui
aspirait à rejoindre le Mont-Athos pour y devenir moine.
Ce désir se
concrétisa en 1892. Il arriva au Mont-Athos, et entra au monastère russe de
Saint-Pantéléimon-le-Grand-Martyr. Une période de dur combat commença pour le
jeune novice. De nombreuses fois il fut tenté de quitter la presqu'île pour
rejoindre le monde, se marier et fonder une famille. Mais il demeura ferme et
resta au monastère.
Le Père
Sophrony raconte ainsi un événement qui arriva au jeune moine: "Une nuit
sa cellule fut envahie d'une étrange lumière qui pénétrait même son corps. La
pensée lui dit: 'Accepte, c'est la grâce'. Cependant l'âme du novice était
troublée, et il resta dans une grande perplexité. Même après cela, la prière
continua à agir en lui, mais l'esprit de contrition s'était tellement éloigné
de lui qu'il se mit à rire pendant qu'il priait ; il se frappa violemment le
front avec son poing et le rire cessa, mais l'esprit de repentir ne revint pas
pour autant, et la prière continua sans contrition. Il comprit alors qu'il
était victime d'un phénomène trompeur." (Sophrony, p. 28)
Dès ce
moment, des démons commencèrent à lui apparaitre: ils lui disaient tantôt
"tu es un saint !" et tantôt "jamais tu ne seras sauvé !".
Désespéré, il connu un moment de total délaissement, il perdit tout espoir
et plongea plusieurs heures dans les ténèbres absolues. Il connut ce
que d'autres mystiques comme Jean de la Croix appelèrent la nuit spirituelle.
Mais le soir même, lors des vêpres le Christ lui apparu, à ce moment tout
son être fut remplir du feu de l'Esprit Saint, il vit une grande lumière,
différente de celle qui l'avait trompé, et il reconnu immédiatement le Christ.
Le novice
commença alors à s'enorgueillir d'avoir reçu une telle vision si
jeune alors que certains moines âgés n'ont jamais rien vu de tel. Les
apparitions démoniaques reprirent de plus belle et sa lutte contre les
démons s'intensifia. Une quinzaine d'année plus tard, celui qui était devenu le
père Silouane, toujours en prise avec les démons, fit une expérience terrible:
alors qu'il priait, sa cellule se trouva remplie de démons, un démon se tient
même entre lui et l'icône du Christ devant laquelle il prie, si bien que s'il
voulait se prosterner devant le Christ, il se prosternait devant le démon
ce qui empêchait donc la prière du moine. Silouane cria alors vers Dieu:
"Seigneur, tu vois que je tâche de te prier avec un esprit pur, mais les
démons m'en empêchent. Apprends-moi ce que je dois faire pour qu'ils ne me
dérangent pas". La réponse ne se fit pas attendre: "Les orgueilleux
ont toujours à souffrir ainsi de la part des démons." " Seigneur, dit
Silouane, apprends-moi ce que je dois faire pour que mon âme devienne
humble."Le Seigneur répondit: "Tiens ton esprit en enfer, et
ne désespère pas." Silouane retrouva l'espoir et persévéra désormais
dans cette lutte contre le mal.
Ce qui
caractérise aussi la vie de Saint Silouane, c'est sa grande discrétion. Il
passait inaperçu parmi les autres moines, personne ne connaissait ses
expériences spirituelles si ce n'est son père spirituel. Il passait même pour
un moine simple et inintéressant. Un jour, un membre important de
la hiérarchie dit à propos de Silouane: "Je ne comprends pas pourquoi
vous autres, universitaires et hommes savants, vous allez chez le père
Silouane, simple paysan illettré. N'y a-t-il donc personne de plus
intelligent que lui au monastère ?"
Silouane
était animé par la prière pour le monde, lui qui avait connu l'éloignement
d'avec le Seigneur était touché de compassion pour tous ceux qui ne
connaissaient pas le Christ et qui étaient loin de sa grâce.
Discret et
presque inconnu pour sa grande sainteté, sa vie spirituelle et ses écrits,
c'est au père Sophrony que l'on doit d'avoir fait connaître celui que Thomas Merton
qualifie de "moine le plus authentique du XXe siècle".
Il fut
canonisé en 1987 par le Patriarcat oecuménique de Constantinople.
Source: ARCHIMANDRITE SOPHRONY, Saint Silouane l'Athonite
(1866-1938): vie, doctrine et écrits, Paris, Cerf, 2010
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