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"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !" (Psaume 67)

dimanche 14 juin 2015

Prouver l'existence de Dieu ?

par Mgr. Kallistos Ware




Dans le Credo, nous ne disons pas : « Je crois qu’il y a un Dieu », mais : « Je crois en un seul Dieu. » Entre croire que et croire en, il y a une différence cruciale. Bien sûr, je peux croire que quelqu’un ou quelque chose existe, mais cela n’aurait aucun effet sur ma vie. En revanche, si je dis à un ami cher : « Je crois en toi », je vais beaucoup plus loin que le simple fait de reconnaître qu’il existe. « Je crois en toi » signifie : je me tourne vers toi, je compte sur toi, je mets ma confiance en toi, j’espère en toi. Et c’est ce que nous disons à Dieu dans le Credo.
La foi en Dieu n’a rien à voir avec cette certitude logique que nous atteignons dans la géométrie euclidienne. Dieu n’est pas la conclusion d’un processus de raisonnement ni la solution d’un problème mathématique. Croire ne veut pas dire que nous acceptons la possibilité de son existence parce que qu’elle nous a été « prouvée » par quelque argument théorique. 

Croire en Dieu, c’est mettre notre confiance en Quelqu’un que nous connaissons et que nous aimons. Avoir la foi, ce n’est pas supposer que quelque chose est vrai, c’est avoir la certitude que Quelqu’un est là, présent.

La foi n’est donc pas une certitude logique, mais une relation personnelle. Puisque cette relation est encore très incomplète en nous et qu’elle a continuellement besoin de grandir, la foi peut très bien coexister avec le doute. La foi et le doute ne s’excluent pas mutuellement. Nous devons faire nôtre ce cri : «  Seigneur, je crois ! Viens en aide à mon manque de foi ! » (Mc 9,24). Il restera pour beaucoup d’entre nous notre prière constante jusqu’aux portes de la mort. Cependant douter ne veut pas dire manquer de foi. Cela peut même signifier le contraire : que notre foi est bien vivante, qu’elle est en train de grandir. Car la foi ne suppose pas d’être content de soi, mais de prendre des risques ; elle n’implique pas de se fermer à l’inconnu, mais de l’affronter avec audace. Comme le dit à juste titre Thomas Merton :

 «  La foi est une source de questions et de combat avant de devenir une source de certitude et de paix. »

La foi se transforme alors en une relation personnelle avec Dieu. Une relation encore incomplète et hésitante mais néanmoins réelle. La foi, c’est connaître Dieu non pas comme une théorie ou un principe abstrait, mais en tant que personne. Et connaître une personne, c’est beaucoup plus que d’avoir des informations sur elle. Connaître une personne, c’est essentiellement l’aimer. Il ne saurait y avoir une vraie connaissance d’autrui sans amour mutuel. « Il peut fort bien être aimé, mais pas pensé. C’est par l’amour qu’on peut le saisir, le retenir, jamais par la pensée » (Le Nuage d’inconnaissance, chap. VI)

Dieu est Celui que nous aimons, notre ami personnel. Nous n’avons pas besoin de prouver l’existence d’un ami personnel. «  Dieu, écrit Olivier Clément, n’est pas une évidence extérieure, mais l’appel secret en chacun de nous. » Si nous croyons en Dieu, c’est parce que nous le connaissons directement d’expérience personnelle, non par des preuves logiques. Il convient, toutefois, de distinguer entre « expérience » et « expériences ». L’expérience directe peut exister sans être pour autant accompagnée d’expériences spécifiques [expériences sensibles (NDE) ]. Beaucoup ont cru en Dieu à cause d’une voix ou d’une vision, comme celle que reçut saint Paul sur le chemin de Damas (Ac 9,1-9). Bien d’autres, toutefois, ne sont jamais passés par ce genre d’expériences ; cela ne les empêche pas d’affirmer qu’il y a, présente dans leur vie comme un tout, une expérience plénière du Dieu vivant, une conviction qui existe à un registre plus fondamental que tous leurs doutes. Même si, contrairement à saint Augustin, Pascal ou Wesley, ils ne sauraient indiquer un endroit ou un moment précis, ils peuvent déclarer avec confiance : Je connais Dieu personnellement.


WARE Kallistos, Approches de Dieu dans la voie orthodoxe, Paris - Pully, Cerf - Sel de la Terre, 2004, p. 53-57

Pour la présentation de Kallisots Ware cliquez sur cet article.

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