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"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !" (Psaume 67)

mercredi 3 juin 2015

La prière de Jésus: comment et pourquoi ? (2) : l'efficacité.

par Mgr Kallistos Ware



En quoi, demandons-nous, résident la séduction particulière et l'efficacité de la Prière de Jésus ? Peut-être avant tout en quatre points : premièrement, dans sa simplicité et sa souplesse ; deuxièmement, dans son caractère complet ; troisièmement, dans la puissance du Nom ; et quatrièmement, dans la discipline spirituelle de la répétition persévérante. Reprenons ces points dans l'ordre. 
[NB les points 1 et 2 sont présentés dans un précédent article, ici ne figurent que les extraits du point 3. Le point 4 sera l'objet d'un prochain article]

3. La puissance du Nom

" Le Nom du Fils de Dieu est grand et sans limites et soutient l'univers entier. " 
Ainsi est-il affirmé dans le Pasteur de Hermas, et nous n'apprécierons pas le rôle de la Prière de Jésus dans la spiritualité orthodoxe à moins que nous n'ayons quelque intuition de la puissance intrinsèque et de la force du Nom divin. 
Si la Prière de Jésus est plus efficace que d'autres invocations, c'est parce qu'elle contient le Nom de Dieu.

Dans l'Ancien Testament, comme dans d'autres cultures anciennes, il y a une identité effective entre l'âme de l'homme et son nom. Toute sa personnalité, avec toutes ses particularités et toute son énergie, est présente dans son nom. Connaître le nom d'une personne c'est avoir une intuition précise de sa nature, et, par là, se faire une relation solide avec elle - avoir même, peut-être, un certain contrôle sur elle. C'est pourquoi le mystérieux messager qui combat avec Jacob au gué de Jacob refuse de révéler son nom (Gn 32,29). La même attitude se reflète dans la réponse de l'ange à Manoah : " Pourquoi me demandes tu mon nom, sachant qu'il est secret ? " (Jg 13,18). Un changement de nom indique un changement décisif dans la vie d'un homme, comme lorsque Abram devient Abraham (Gn 17,5), ou que Jacob devient Israël (Gn 32,28). De la même manière, Saul après sa conversion devient Paul (Ac 13,9) ; et un moine à sa profession reçoit un nom nouveau, habituellement non choisi par lui, pour indiquer le renouveau radical où il est engagé.
Dans la tradition hébraïque, faire quelque chose au nom d’un autre, ou invoquer son nom et s'en recommander, sont des actes d'une puissance et d'un poids extrêmes.
Invoquer le Nom de Dieu avec attention et délibérément, c'est se mettre en sa présence, s'ouvrir à son énergie, s'offrir comme un instrument et un sacrifice vivant entre ses mains. Si ardent était le sens de la majesté du Nom de Dieu dans le judaïsme tardif, que le " tétragrammaton " n'était pas prononcé tout haut au service de la synagogue : le Nom du Très-Haut était considéré comme trop redoutable pour être prononcé.
Cette compréhension hébraïque du Nom passe de l'Ancien Testament au Nouveau. Les démons sont chassés et les hommes guéris par le Nom de Jésus, car le Nom est puissance.
C'est cette révérence biblique pour le Nom qui forme la base et le fondement de la Prière de Jésus. Le Nom de Dieu est essentiellement lié à sa personne et ainsi l’invocation du Nom divin possède un authentique caractère sacramentel, servant en tant que signe effectif de sa présence et de son action invisible. Pour le croyant chrétien aujourd'hui, comme aux temps apostoliques, le Nom de Jésus est puissance.

Le Nom est puissance, mais une répétition purement mécanique ne sera d'aucun effet par elle-même. La Prière de Jésus n'est pas un talisman magique. Comme dans toutes les opérations sacramentelles, la coopération de l'homme avec Dieu est requise à travers sa foi active et son effort d'ascèse. Nous sommes appelés à invoquer le Nom avec recueillement et vigilance intérieure, en enfermant la pensée dans les paroles de la Prière, sachant qui est celui à qui nous nous adressons et qui nous répond dans notre coeur.
Cette persévérante fidélité prend la forme, avant tout, d'une attentive et fréquente répétition. Christ dit a ses disciples de ne pas utiliser les " vaines répétitions " (Mt 6,7), mais la répétition de la Prière de Jésus, quand elle est faite avec sincérité et concentration intérieures, n'est absolument pas " vaine ". L'acte de la répétition incessante du Nom a un double effet : il unifie davantage notre prière et en même temps la rend plus intérieure.

Pour la présentation biographique de Mgr Kallistos Ware, cliquez ici

Extraits tirés de : WARE Kallistos, in Elisabeth Behr-Sigel, Le lieu du coeur : 
Initiation à la spiritualité de l‘Église orthodoxe, Paris, Cerf, 1989. 


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