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"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !" (Psaume 67)

vendredi 8 mai 2015

Lire une icône (I) : la symbolique du corps humain

L'icône ne cherche pas à présenter l'homme dans sa réalité physiologique, par le détail réaliste de chaque membre de son corps comme l'ont fait les peintres de la Renaissance. Le but visé par l'icône n'est pas le réalisme physique, mais le réalisme théologique. La représentation des corps laisse d'ailleurs de côté les détails inhérents à l'âge ou à la race. Comme le relève le Père Michel Quenot (p. 35): "Le saint défunt fortement âgé n'est ainsi pas représenté comme un vieillard croulant mais avec les marques de la maturité spirituelle."
De même, l'icône dans sa représentation  des visages présente l'homme théologiquement parfait (et non pas aux proportions parfaites, ni encore dans la sensualité débridée de certaines oeuvres du XIVe). C'est l'homme déifié qui est peint dans l'icône, l'homme à l'image et à la ressemblance de Dieu. D'ailleurs bien souvent les saints ont des traits relativement proches de ceux du Christ ; l'Homme-Dieu par excellence, qui permet et ouvre la déification à l'humanité.

Icône du Christ Pentocrator

Les yeux

Ils sont souvent grands, largement ouverts. Se tenant devant l'icône, ce n'est pas tant moi qui la regarde que moi qui suis regardé par elle. Les yeux de l'icône, "inexpressifs" au premier abord sont souvent comme un miroir pour celui qui regarde l'icône lui révélant ainsi beaucoup sur lui-même. Plutôt qu'inexpressifs, je dirais donc qu'ils sont entièrement tournés et plongés dans la contemplation de Dieu, d'où leur impassibilité paisible.

Les oreilles

Elles sont discrètes, souvent cachées par les cheveux. Elle sont comme repliées vers l'intérieur, n'écoutant plus tant les bruits de ce monde qui passe, mais restant concentrées sur la Parole de Dieu qui a établi sa demeure dans le coeur. C'est pourquoi les oreilles sont comme tournées vers le coeur.

La bouche

L'humanité a chuté parce que "l'arbre semblait bon à manger" (Gn 3,6). Par la bouche de l'homme, le péché est entré dans le monde. La bouche est le symbole de l'amour du plaisir, des biens matériels qu'on cherche à dévorer inlassablement et insatiablement pour combler le vide intérieur. Dans l'icône en revanche, la bouche est très fine, "réduite à l'extrême" comme le relève Michel Quenot (p. 29). La bouche dans l'icône est dépourvue de toute sensualité.
Neutre, elle n'esquisse ni sourire ni expression particulière ; c'est signe de la paix intérieure parfaite.
Détail d'une icône de la Vierge: un nez fin, une bouche très fine,
de petites oreilles et des yeux grands ouverts.

Le nez

Les mentions de l'odeur ne sont pas rares dans la Bible (qu'il s'agisse d'odeurs douces ou nauséabondes.) Le nez de l'homme déifié est appelé à respirer "la bonne odeur du Christ" (2 Corinthiens 2,15) pour que l'être entier exhale cette bonne odeur ; c'est cela la fameuse odeur de sainteté. Dans l'icône le nez est fin, il ne se laisse plus séduire par la suavité des odeurs du monde, mais respire uniquement par le Souffle de l'Esprit Saint.



Les joues, le front, le menton et la barbe

Les joues apparaissent souvent creusées et burinées par les jeûnes et les veilles, révélant ainsi l'ascèse constante et dure de certains saints.
Saint Jean Baptiste: traits marqués par l'ascèse


Le front apparait parfois large et important, cela pour signifier l'intelligence et la grande sagesse qui y réside.
Maxime le Confesseur: un large front qui renferme une grande sagesse


Le menton des hommes est caché par une barbe fournie, tressée ou encore hirsute qui révèle la fonction de la personne : la barbe varie selon que l'on est évêque ou ermite.
Saint Pierre et Saint Paul: deux exemples de barbes différentes


Les cheveux

Il forment souvent (en particulier pour le Christ et pour sa Mère) une couronne autour du visage. Le personnage représenté est parfois chauve (comme Maxime le Confesseur), ou encore tressé comme c'est le cas dans la chevelure des anges. Les coiffures sont multiples mais révèlent toujours un aspect ou un trait de la vie du personnage. Comme tout élément de l'icône, les chevelure délivre un message sur son porteur. 
Saint Michel: archange aux cheveux tressés

Les mains et les pieds

Ce qui frappe au premier abord, c'est la taille des mains et des pieds, mais aussi leur finesse.
Mains fines, longs doigts plein de noblesse dans les icône russes, les icônes grecques en revanche tendent plutôt à présenter des doigts aux articulations saillantes qui "rayonnent la lumière et dégagent un énergie insoupçonnée" (M.Quenot, p.33).
Les pieds révèlent parfois le niveau social de la personne, selon qu'il va pieds nus ou qu'il porte des sandales. La "lumière" (hachures d'or) montrent la sainteté: on en trouve souvent dans les mains et les pieds.

Détail des mains du Baptiste

L.Papaux



Source: QUENOT Michel, Les clefs de l'icône: son langage symbolique, St.Maurice (Suisse), Saint-Augustin, 2009, p. 21-35

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