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"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !" (Psaume 67)

vendredi 29 mai 2015

La foi du symbole de Nicée-Constantinople

Introduction à la foi orthodoxe.
Extraits d'un commentaire du père Lev Gillet paru initialement dans La Voie: bulletin de la Communauté orthodoxe française en 1930.
Source: http://www.pagesorthodoxes.net/foi-orthodoxe/credo-levgillet.htm

Les pères conciliaires et l'empereur Constantin tiennent le texte du concile de Nicée.


Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre, et toutes les choses visibles et invisibles
Πιστεύω ες να Θεόν, Πατέρα, Παντοκράτορα, ποιητν ορανο κα γς, ρατν τε πάντων κα οράτων.

Dieu a créé par amour. Il aime et crée par le même acte. Dieu a fait l’homme intelligent et libre pour que l’homme à son tour pût aimer. Tous les phénomènes de l’univers sont une manifestation de activité divine.

Il n’y a pas, sur ce point, de contradiction entre la science et la foi. La foi en la création n’est pas attachée à telle ou telle théorie cosmologique. C’est à la science qu’il appartient d’examiner librement des problèmes tels que l’âge de notre planète, la formation du système solaire, la genèse et l’évolution des espèces vivantes. Quels que soient les résultats atteints par la recherche scientifique, ces résultats ne peuvent aller contre notre foi. Celle-ci se borne à affirmer que Dieu-Amour est l’origine, le sens, et la fin de tout ce qui existe.


Et en un seul Seigneur, Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles. Lumière de Lumière, vrai Dieu de Vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait.
Κα ες να Κύριον ησον Χριστόν, τν Υἱὸν το Θεο τν μονογεν, τν κ το Πατρς γεννηθέντα πρ πάντων τν αώνων· φς κ φωτός, Θεν ληθινν κ Θεο ληθινο, γεννηθέντα ο ποιηθέντα, μοούσιον τ Πατρί, δι' ο τ πάντα γένετο. 

Le Père se fait connaître à nous par son Fils. Nous sommes tous des fils de Dieu, mais quelqu’un est « le » Fils de Dieu, dans un sens unique et exceptionnel. Ce Fils, ce médiateur n’a pas été créé ou adopté. Il procède du Père par naissance spirituelle. Celui qui nous appelons Fils, c’est la Parole, le Verbe ou la Pensée éternelle du Père : Au commencement étaient la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie (Jn 1,1-4). La Parole de Dieu est pour nous « le Seigneur », le maître, le guide suprême, la Lumière. Cette lumière, qui, venant dans le monde, éclaire tout homme... À tous ceux qui l’ont reçue, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1,9-12). La Parole de Dieu n’est pas une abstraction, mais une réalité vivante. Elle s’est montrée à nous sous une forme humaine et réelle, en la personne de Jésus de Nazareth, que nous appelons Christ (« oint ») et Messie (« envoyé »). L’Église confesse que Jésus, le Fils, est « consubstantiel au Père » ; et, tout en proclamant qu’il est vrai homme, elle l’adore comme vrai Dieu.
Qui pour nous, Hommes, et pour notre salut, est descendu du Ciel, s’est incarné du Saint-Esprit, et de Marie la Vierge et s’est fait homme.
Τν δι' μς τος νθρώπους κα δι τν μετέραν σωτηρίαν κατελθόντα κ τν ορανν κα σαρκωθέντα κ Πνεύματος γίου κα Μαρίας τς Παρθένου κα νανθρωπήσαντα. 

Et la Parole a été fait chair et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité (Jn 1,14). C’est cette union de la Parole de Dieu avec une nature humaine, en la personne de Jésus, que nous appelons le mystère de l’Incarnation.

L’Église professe que la naissance du Christ fait exception aux conditions ordinaires de la vie de la chair, et elle a formulé la doctrine de la « conception virginale » par l’opération du « souffle » divin ou « Saint-Esprit ». La Parole s’est fait chair « pour nous et pour notre salut ». En effet, le plan divin avait été profondément troublé. L’humanité, usant de sa liberté, s’était détournée du Dieu-Amour pour suivre les voies du bonheur égoïste. Cette infidélité première, ce « péché originel », avait introduit dans le monde la souffrance et la mort, tant physiques que spirituelles. Il fallait vaincre le mal, réconcilier ce qui était séparé, sauver ce qui était perdu. Il fallait diviniser la nature humaine. Telle était l’oeuvre de salut réservée à la Parole faite chair.


Il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert a été enseveli.
Σταυρωθέντα τε πρ μν π Ποντίου Πιλάτου, κα παθόντα κα ταφέντα. 

En résistant à la tentation, en guérissant, en pardonnant, en annonçant la « bonne nouvelle », déjà le Christ nous sauvait. Mais il a voulu accomplir jusqu’au suprêmes exigences de son amour pour nous : Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime (Jn 15,13).
Sa mort sur la croix nous a « rachetés », non dans un sens juridique ou commercial, comme si le Père réclamait une expiation sanglante du péché humain, mais parce que l’acte intérieur d’amour et d’offrande dont le crucifiement était l’expression visible réparait, et bien au-delà, toute révolte des hommes contre le Père et provoquait dans nos coeurs une réponse de conversion. La croix, que Jésus a voulue pour lui-même, est devenue le signe et la condition nécessaire de toute vie chrétienne : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il prenne sa croix et me suivre (Lc 9,23).




Et Il est ressuscité le troisième jour selon aux Écritures ;
Κα ναστάντα τ τρίτ μέρα κατ τς Γραφάς. 

La conviction des disciples, que la pierre du tombeau n’avait pas enseveli à jamais leur Maître et son oeuvre, est devenue la foi de toute l’Église. Celle-ci proclame qu’il ne faut pas chercher parmi les morts celui qui est vivant (Lc 24,5). Le fait de la Résurrection ne peut être ni démontré, ni nié sur le plan purement historique, et il ne peut même pas être pleinement « réalise » par la pensée humaine. C’est un mystère. Mais la réalité de ce mystère est atteinte par la foi et par l’expérience spirituelle, tant individuelle que collective. La certitude et la joie de la Résurrection sont le coeur de la piété orthodoxe : « Christ est ressuscité des morts ! Par la mort il a vaincu la mort ; à ceux qui sont dans les tombeaux il a donné la vie » (Tropaire de Pâques).


Et Il est monté au Ciel, et siège à la droite du Père
Κα νελθόντα ες τος ορανος κα καθεζόμενον κ δεξιν το Πατρός. 

Les deux symboles physiques d’une ascension « au ciel » et d’une session à la droite de Dieu signifient, d’une part que le Christ a pris glorieusement possession de ce « royaume » qu’il a annoncé et où il nous a donné l’espoir d’entrer nous-mêmes (le royaume est la vie éternelle dans le Dieu-Amour). D’autre part, qu’il occupe dans le royaume al place unique qui, auprès du Père, est réservée au Fils : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mis toute mon affection (Lc 3,22).


Et Il reviendra en gloire juger les vivants et les morts ; Son règne n’aura pas de fin.


Κα πάλιν ρχόμενον μετ δόξης κρναι ζντας κα νεκρούς, ο τς βασιλείας οκ σται τέλος.

Si certains détails de ces descriptions contiennent une large part de symbolisme, ce serait aller contre toute la tradition chrétienne que de voir dans le « second avènement » et le jugement une simple image. Mais il ne faut pas se représenter une sorte de procès judiciaire. L’homme lui-même se juge et détermine son sort selon que, volontairement et sciemment, il s’est détourné ou approché du Dieu-Amour. La vie éternelle ne fait que manifester le libre choix de chaque homme, inscrit dans ses sentiments et dans ses actes.


Et en l’Esprit Saint, Seigneur qui donne la Vie, qui procède du Père, 
qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils, qui a parlé par les prophètes.


Κα ες τ Πνεμα τ γιον, τ κύριον, τ ζωοποιόν, τ κ το Πατρς κπορευόμενον, 
τ σν Πατρ κα Υἱῷ συμπροσκυνούμενον κα συνδοξαζόμενον, τ λαλσαν δι τν προφητν. 

Nous l’appelons « Seigneur », comme le Fils, parce que lui aussi est notre maître et notre guide. Il nous vivifie, car toute notre vie spirituelle dépend de ce « souffle ». Il est la manifestation visible du Père dans les âmes, de même que le Fils a été sa manifestation extérieure et visible. On ne peut séparer le Père de sa Parole et de son Souffle. C’est pourquoi le Père, le Fils et l’Esprit sont conjointement « adorés et glorifiés », comme étant une même essence divine en trois hypostases ou sujets. Cette formulation théologique est due aux premiers conciles, qui, sous le nom de Sainte Trinité, ont essayé d’exprimer le mystère du Père qui se manifeste à nos yeux par son Fils et vivant dans nos âmes par son Esprit.
L’Esprit Saint a « parlé par les prophètes ». Nous entendons par là que les saintes Écritures, les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, ont été rédigés par les hommes sous l’inspiration divine.
On a le droit d’appliquer les méthodes critiques de l’histoire et de la philologie, avec la pleine liberté qu’exige la science, à tout ce qui, dans la Bible, est susceptible d’une vérification de fait, d’une constatation positive. Mais le contenu spirituel des saintes Écritures ne relève d’aucune interprétation particulière. Son interprétation appartient à l’Église, parlant sous l’action de l’Esprit.


En l’Église une, sainte, catholique et apostolique.
Ες μίαν, γίαν, Καθολικν κα ποστολικν κκλησίαν. 

La totalité des croyants formait l’Église, au sens général, en non plus local et particulier, de ce mot. Les Apôtres déjà se préoccupaient d’organiser solidement les communautés chrétiennes. Les communautés de l’âge apostolique présentaient les mêmes traits généraux que les communautés chrétiennes modernes : chacune était un groupe de « fidèles », persévérant dans la doctrine des Apôtres, la fraction du pain et la prière (Ac 2,42), sous la présidence d’un intendant (épiskopos, « évêque »), entouré d’anciens (presbyteroi, « prêtres ») et de serviteurs (diakonoi, « diacres »). La tradition « orthodoxe » - celle à laquelle nous nous rattachons - n’admet ni les doctrines romanes sur l’autorité dans l’Église et en particulier sur le pouvoir du Pape, ni certaines conceptions protestantes d’après lesquelles la recherche et la découverte de la vérité religieuse seraient chose purement individuelle. La tradition orthodoxe professe qu’une communion existe entre les saints glorifiés et nous-mêmes ; nous ne les adorons pas, mais nous pouvons nous adresser à Dieu par leurs prières et nous recommander à leur intercession. En vénérant la mémoire de Marie, Mère du Seigneur, celle des Apôtres, des martyrs et des autres saints, en honorant leurs images et leurs reliques, c’est à Dieu, qui s’est manifesté en eux, que l’on rend hommage : ce n’est donc pas une idolâtrie.

La vie collective de la communauté chrétienne s’exprime surtout par les « mystères », symboles matériels efficaces au moyen desquels nous participons aux dons divins, non d’une manière mécanique ou magique, mais à condition que l’esprit humain assimile ces dons par la foi et l’amour. Le mystère central, le mystère même de l’Église et de son unité, est le « mystère de la cène » ou eucharistie : mangeant le pain rompu et buvant la coupe de vin sur lesquels l’Église a prié, nous communions, d’une manière non charnelle, mais réelle, au corps et au sang du Christ, au sacrifice de sa mort, et à tous nos frères et soeurs qui sont ses membres. L’Église est sainte, non en ce sens que tous ses membres soient effectivement saints, mais parce que la sainteté est la vocation de tous et que l’Église possède et offre tous les moyens de sanctification. L’Église est apostolique, parce qu’elle se réclame de la tradition des Apôtres et parce que, par le mystère de l’imposition des mains au moyen duquel se transmet tout office pastoral, elle remonte jusqu’à eux.
L’Église, dans sa plus profonde réalité, est, selon les paroles de Paul, le corps du Christ (1 Co 12,27), et selon l’Apocalypse, l’épouse du Christ (Ap 21,9).


Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés.
μολογ ν βάπτισμα ες φεσιν μαρτιν. 

Tout péché consiste à violer le sens divin de la vie, qui est amour. Le pécheur ne peut redevenir juste par ses propres mérites ou par ses oeuvres (prière, miséricorde, ascèse etc.), quoique les oeuvres soient un signe nécessaire de justification. Il est justifié gratuitement par la participation à la vie du Christ : Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi (Ga 2,20). Mais il faut mourir au péché - que ce soit notre péché volontaire et conscient, ou la faute originelle dont nous sommes, non coupables, mais solidaires - et naître à la vie nouvelle en Christ. Le mystère du baptême est le signe efficace de cette nouvelle naissance : Si quelqu’un ne naît de l’eau et de l’Esprit, il ne peur entrer dans le Royaume de Dieu. Le baptême est le signe extérieur nécessaire de l’appartenance à l’Église ; mais, nous l’avons dit, l’Église a aussi des membres invisibles qui n’ont pas reçu le baptême de l’eau. En accordant sa grâce, Dieu n’est limité par aucune condition matérielle. Selon l’ancienne tradition de l’Église, le mystère du « don du Saint Esprit », renouvellement de la grâce de la Pentecôte, est lié au baptême et se confère aussitôt après, sous la forme d’une onction, le « mystère de la chrismation ».
La vie en Christ, reçue au baptême, peut se perdre par des péchés ultérieurs. Le pécheur peut alors (et chaque fois) se purifier par un nouveau baptême, non plus d’eau, mais d’esprit, qui est le « mystère de la pénitence ». C’est le mystère du pardon divin accordé à la repentance du coeur, comme l’Évangile nous en offre des exemples.


J’attends la Résurrection des morts et la Vie du siècle à venir. Amen.
Προσδοκ νάστασιν νεκρν. Κα ζων το μέλλοντος αἰῶνος. μήν.


Nous entrevoyons, quoique comme au travers d’un voile, ce que pourra être pour ceux qui se tiennent à la droite du roi - ceux qui ont cherché le royaume de Dieu - la vie du siècle à venir. Il nous est plus difficile de nous représenter le sort de ceux qui meurent, par leur propre choix, séparés de Dieu. Nous l’avons déjà dit : ce n’est pas Dieu qui les juge, qui les condamne. La mort, comme une conséquence logique, les fixe dans l’état qu’ils ont choisi eux-mêmes.


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