Bienvenue !

"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !" (Psaume 67)

lundi 15 février 2016

Quand le sens intellectuel refleurit

En guise d'introduction et pour bien comprendre le propos qui suit, on ne saurait trop rappeler que sous la plume des Pères tout ce qui est "intellectuel" et "intelligible" se rapporte à cette faculté de l'esprit qu'est l'intelligence mais qui n'a pas tout à fait le même sens que ce que l'on entend dans le langage courant. Pour les Pères l'intelligence est la double faculté de penser le monde et de contempler Dieu, elle n'est donc pas seulement cognitive mais éminemment spirituelle. (Ndlr)


par Calliste le Patriarche

"Bienheureux l'homme dont le sens intellectuel a refleuri grâce à l'admirable hèsychia*. Il est retourné pour ainsi dire en lui-même et vit par l'inspiration est l'impulsion de l'Esprit. Redressant les dispositions de l'âme, éveillant l'intelligence et transformant aisément le coeur. Un tel sens est par la grâce le fruit d'une réflexion saine, dès lors que celle-ci s'envole vers le divine. Mais il ne peut revenir à lui-même sans l'expérience de l'hèsychia et la pureté que la grâce donne à l'intelligence. Cela lui est plus impossible qu'à un homme de nager dans l'air. Avec le sens intellectuel, se souvenir de Dieu et contempler Dieu est chose efficace et utile. Mais sans lui, comme si l'on oubliait Dieu, le souvenir de Dieu est d'avantage ignorance et cécité que contemplation et connaissance. 

Celui qui par la grâce a trouvé ce sens divin, on peut dire qu'il a trouvé Dieu. Il n'a pas besoin de paroles. Il se tient près de Dieu. Il a choisi de célébrer la liturgie divine. Il embrasse le silence, ou plutôt il se tait même quand il ne le veut pas. L'Esprit de Dieu demeure en lui. L'amour, la paix, la joie spirituelle se lèvent en lui. Il vit une autre vie que la vie habituelle et commune. Il se réjouit en Dieu. Et ses yeux voient la lumière intellectuelle. Car eux-mêmes sont intellectuels. Son coeur porte le feu. La simplicité, l'immuabilité, l'infini, l'absence de limites et de commencement, l'éternel, s'unissent merveilleusement en lui pour le ravir. Les larmes ne cessent de couler de ses yeux. Il n'en a pas moins dans le coeur la source de l'eau vive, de l'eau spirituelle. Il retrouve l'unité et la totalité en s'unissant à l'intelligible. Il est entouré de la lumière de l'unique. Il jouit des délices plus hautes que le monde. Il est ravi par l'extase, il brille de joie, émerveillé, hors de lui, d'être absorbé par Dieu.

Celui qui a goûté cela comprendra et célébrera justement Dieu Très-Haut, hors de toute figure, de toute qualité, de tout âge, de toute quantité, simple, sans forme, infini, illimité, insaisissable, intangible, invisible, ineffable, inexplicable, sans commencement, éternel, incréé, incorruptible, incompréhensible, insondable, plus haut que l'être, plus que puissant, plus que bon, plus que beau. A lui la gloire et la louange dans les siècles."

Calliste le Patriarche, Philocalie des Pères neptiques, Bellefontaine, 2005, T. B.4, p. 675.


*Hèsychia: lutte contre les passions de l'âme pour atteindre la paix intérieure et le repos impassible.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire