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"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu'ils te rendent grâce tous ensemble !" (Psaume 67)

vendredi 22 janvier 2016

"Il prit le pain… il prit la coupe" (Mt 26, 26-27)

par Ephrem le Syrien



Au désert, notre Seigneur multiplia le pain, et à Cana il changea l'eau en vin. Il habitua ainsi la bouche de ses disciples à son pain et à son vin, jusqu'au temps où il leur donnerait son corps et son sang. Il leur fit goûter un pain et un vin transitoires pour exciter en eux le désir de son corps et de son sang vivifiants. Il leur donna libéralement ces menues choses, pour qu'ils sachent que son don suprême serait gratuit. Il les leur donna gratuitement, afin qu'ils sachent qu'on ne leur demanderait pas de payer une chose inestimable; car, s'ils pouvaient payer le prix du pain et du vin, ils ne pourraient payer son corps et son sang.

Non seulement il nous a comblés gratuitement de ses dons, mais encore il nous a cajolés avec tendresse. Car il nous a donné ces menues choses gratuitement pour nous attirer, afin que nous approchions et recevions gratuitement cette chose si grande qu'est l'Eucharistie. Ces menus morceaux de pain et de vin qu'il a donnés étaient doux à la bouche, mais le don de son corps et de son sang est utile à l'esprit. Il nous a attirés par ces choses agréables au palais, afin de nous entraîner vers ce qui vivifie les âmes. Il a caché de la douceur dans le vin qu'il a fait, pour indiquer aux convives quel trésor magnifique est caché dans son sang vivifiant. 

Comme premier signe, il fit un vin réjouissant pour les convives, afin de manifester que son sang réjouirait toutes les nations. Le vin intervient dans toutes les joies imaginables, et de même toutes les délivrances se rattachent au mystère de son sang. Il donna aux convives un vin exceller qui transforma leur esprit, pour leur faire savoir que la doctrine dont il les abreuverait transformerait leur coeur. Ce qui n'était d'abord que de l'eau fut changé en vin dans les amphores; c'était le symbole du premier commandement amené à la perfection ; l'eau transformée, c'était la loi perfectionnée.
Les convives buvaient ce qui avait été de l'eau, mais sans goûter l'eau. De même, lorsque nous entendons les anciens commandements, nous les goûtons dans leur saveur nouvelle. Au précepte "gifle pour gifle" qui est dans la loi de Moïse, a été substituée la perfection: "A celui qui te frappe, présente l'autre joue" (Mt 5,39).

En un clin d'oeil, le Seigneur a multiplié un peu de pain et transformé de l'eau en vin. Ce que les hommes font et transforment en dix mois de travail, ses dix doigts l'ont fait en un instant. […] Il n'a pas multiplié le pain, ni produit le vin autant qu'il l'aurait pu, mais jusqu'à la mesure suffisante pour les convives. Ce n'est pas sa puissance qui a mesuré son miracle, mais le besoin des convives et la faim des affamés. Si, en effet, le miracles avait été mesuré à sa puissance, il serait impossible d'en évaluer la victoire.

EPHREM LE SYRIEN, Commentaire du Diatessaron, Sources chrétiennes n° 121, Le Cerf, Paris, 1966.
Tiré de: BOURGET D., L'Evangile médité par les Pères: Jean, Olivétan, 2010, p. 49-50.

Ephrem le Syrien: né en 306 (en Turquie actuelle) et mort en 373, il enseignait la théologie jusqu'au moment où il fut contraint de fuir avec ses élèves à cause de l'invasion perse. Poète, il a écrit beaucoup d'hymnes (plus de 400) et des sermons en vers, ainsi que des commentaires en prose. La beauté de ses écrits lui vaut d'être surnommée "la harpe du Saint Esprit". Reconnu saint par les Orthodoxes comme par les Catholiques, il est proclamé docteur de l'Eglise par Benoit XV en 1920.

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